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Les blancs dirigent toujours l’Afrique du Sud

Les questions de couleur n’ont pas fini d’agiter la vie politique et économique de l’Afrique du Sud. Un rapport publié mercredi 3 août 2011 et présenté dans le Mail & Guardian montre que si les actifs du pays sont à 74% noirs, ces derniers n’occupent que 13% des postes de direction et 18% des emplois de cadres.

Au rythme où vont les choses, il faudra «127 ans pour que la composition des équipes dirigeantes des entreprises du pays soient représentatives du profil la population active», note amèrement Npho Nkelo, la présidente de la Commission pour l’équité dans l'emploi (CEE).

En Afrique du Sud, les statistiques raciales sont autorisées (à la différence de la France, par exemple), car elles seraient indispensables à l’observation des transformations de la société.

«Nous n’observons pas un changement à la hauteur de ce que nous voudrions voir», regrette Npho Nkelo.

En effet, si des progrès sont bel et bien enregistrés, ils restent lents et ne reflètent pas les transformations profondes attendues depuis l’adoption il y a 13 ans de la loi pour l’équité dans l’emploi. Le poids des noirs dans les fonctions de direction n’a gagné qu'1.4 point en quatre ans. Celui des emplois de cadres, à peine meilleur, a augmenté de 4.2 points sur la même période.

Cette ségrégation ressort dans quasiment tous les secteurs d’activité. Dans le commerce de détail, les blancs occupent 82% des postes de management, par exemple. Seules exceptions: les services communautaires, sociaux, et à la personne, où les noirs pèsent pour 52% des postes de management.

Pour la présidente du CEE, ces résultats sont le signe d’une occasion manquée. Démographiquement, de nombreux managers blancs étaient proches de la retraite. Pourtant, cela n’a pas coïncidé avec un recrutement de noirs à ces postes vacants.

A qui la faute? Les entreprises privées sont montrées du doigt. Jackson Mthembu, le porte-parole de l’ANC (au pouvoir) a qualifié le rapport d'«acte d'accusation contre les chefs d'entreprise, soulignant leur incapacité à embrasser le changement progressif de l'Afrique du Sud».

En effet, cette répartition des rôles entre noirs et blancs au sein des grandes entreprises a une conséquence directe et évidente sur leurs revenus respectifs, rapporte News24. Selon le porte-parole de la fédération de syndicats Cosatu, Patrick Craven:

«Un homme noir gagne en moyenne 2.400 rands [245 euros] par mois, alors qu’un blanc a un revenu moyen de 19.000 rands [1.935 euros]. Soit une différence de 16.800 rands.»

Lu sur Mail & Guardian, News24