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Kenya-Ouganda: la guerre du poisson aura-t-elle lieu?
La présence ougandaise sur des îles au cœur du lac Victoria a tendu les relations du pays avec le Kenya. Car Kampala avait auparavant reconnu l'appartenance des îles à son voisin. Pourtant, des pêcheurs kényans affirment que les autorités ougandaises sont toujours sur l’île et les terrorisent.
La dispute a commencé il y a deux ans, à l'époque au sujet des îles Migingo, et se poursuit aujourd'hui autour d'Ugingo. Plusieurs théories circulent quant à l'intérêt suscité par ces minuscules îles de pêcheurs, mais aucune n'est réellement satisfaisante. Il semble que l’on peut écarter leurs ressources halieutiques; certes, la pêche est un business lucratif dans le lac Victoria, mais elle ne représente qu’une quantité infime aux alentours des îles Migingo et Ugingo.
D’autres rumeurs avaient fait état de réserves de pétrole découvertes dans le sous-sol marin, mais sans être jamais confirmées. De plus, l’Ouganda n’étant toujours pas en mesure d’exploiter ses propres réserves pétrolières terrestres, il semble peu probable que Kampala se soit rué sur de potentielles réserves maritimes.
Autre hypothèse, émanant cette fois des autorités ougandaises: le ministre de la Défense Amama Mbabazi a déclaré devant le Parlement que la présence ougandaise sur l’île de Migingo avait pour but d’empêcher l’infiltration de rebelles opposés au régime et recrutés dans l’ouest du Kenya.
Côté kényan, on affirme qu’il ne s’agit que d’une manœuvre de Museveni de détourner l’attention de la crise politique qui agite son pays depuis quelques mois. La répression des manifestations qui secouent l’Ouganda ont suscité de vives critiques dans la presse nationale et internationale, certains commentateurs allant jusqu’à comparer le régime de Museveni à celui du dictateur Amin Dada.
Le partage du lac Victoria entre le Kenya, l'Ouganda et la Tanzanie est déjà à la source de certains conflits. Depuis quelques années, par exemple, la Tanzanie arrête régulièrement des pêcheurs kényans accusés de pêcher illégalement en eaux tanzaniennes. Cependant, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est envisage de mettre en place à court terme une union monétaire. Mais pour qu’elle puisse voir le jour, les différends vont devoir être mis de côté.
Lu sur The East African, The New York Times
