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Pas de justice pour les femmes au Zimbabwe
La justice semble avoir abandonné les femmes du Zimbabwe. Sur le site IPS Africa, la journaliste Nyarai Mundibu illustre l'archaïsme des institutions judiciaires auxquelles font face les Zimbabwéennes avec l'histoire de Mildred Mapingure, une jeune femme violée il y a près de six ans par quatre hommes armés. Restée sans soins post-traumatiques, elle est en outre tombée enceinte peu après son agression et n’a pu avorter, faute d'autorisation.
La loi au Zimbabwe interdit en effet cette pratique, sauf en cas de grossesse dangereuse ou résultant d’un viol —et seulement au cours du premier trimestre. Sauf que dans ce dernier cas, la procédure judicaire est souvent longue et fastidieuse pour les femmes, qui font face à de nombreuses discriminations. Célibataire et sans emploi, Mildred Mapingure a dû élever seule son enfant.
La situation change pour elle quatre ans plus tard, lorsque Zwla (Zimbabwe Women Lawyers Association), une association qui veille au respect des droits sociaux des femmes au Zimbabwe, l’aide à poursuivre en justice le gouvernement pour 36.800 euros de dédommagement. La directrice de l'association Emilia Muchawa insiste sur le fait que le cas de Mapingure n’est pas unique au Zimbabwe, dans la mesure où l'argent est essentiel pour accéder à la justice:
«Au Zimbabwe, c'est encore plus difficile pour les femmes d’accéder à la justice car elles n’ont ni les ressources pécuniaires ni accès aux aides légales gratuites», dit-elle dans l’article.
Le système est donc loin d'être équitable entre les rares femmes mal représentées qui arrivent à approcher les cours de justice et les hommes contre qui elles portent plainte, qui ont la possibilité de payer des avocats. Et même si l’action réussit, il faut en sus payer une taxe pour bénéficier, par exemple, d’une ordonnance restrictive contre un mari violent.
Pour les interruptions de grossesse, les représentants de la justice abusent souvent de leur pouvoir au nom de convictions personnelles. Dans le cas de Mildred Mapingure, les magistrats ont laissé traîner son dossier jusqu’à ce que le délai pour avorter soit passé.
Mais les femmes doivent aussi essuyer régulièrement des reproches sur leur style vestimentaire, et les mères doivent se débrouiller pour accéder aux tribunaux malgré le fait que les enfants ne soient pas autorisés dans les salles de procès.
Le poids des traditions familiales et patriarcales s’ajoute donc au problème financier, comme le confirme Fungayi Jessie Majome, vice-ministre zimbabwéenne en charge des Affaires féminines, du Genre et du Développement. Ces femmes sont rarement soutenues par leur famille, qui n’approuve généralement pas les recours en justice à cause de conventions culturelles et sociales. L’action des femmes, bien que présente au Zimbabwe, semble être encore entravée, selon l’article, par un système judiciaire archaïque.
Lu sur IPS Africa