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Le ramadan, à Bamako, c'est le mois des mariages
On connaissait déjà le jour des mariages à Bamako, peut-être faudrait-il ajouter que le ramadan est en passe de devenir, lui, leur mois.
Le quotidien pro-gouvernemental L’Essor racontait le 29 juillet cette nouvelle tendance à Bamako. Car la veille de ce mois sacré pour les musulmans est aussi une occasion rêvée pour de nombreuses familles de sceller l’union de leurs enfants.
Le journal explique cependant que les raisons de ce phénomène ne sont pas vraiment religieuses, comme on pourrait le penser. Il s’agit d’abord d'une tendance purement malienne —et surtout bamakoise. Selon un imam interrogé par l’Essor:
«Les familles veulent renforcer leur main-d’œuvre féminine pour les travaux de cuisine qui augmentent considérablement pendant le mois de ramadan, il s’agit aussi en même temps d’éviter aux jeunes de sortir durant (ce) mois béni».
S’ils se réjouissent du mariage de leurs enfants, les parents doivent cependant consentir quelques sacrifices. Une mère de famille témoigne qu’elle a dépensé l’équivalent de 5 millions de francs CFA (environ 7.600 euros) pour le mariage de ses trois filles. Une situation d’autant plus difficile qu’il faut faire face en plus aux dépenses élevées du mois de ramadan, déplore la mère de famille.
A l’opposé, les commerçants et autres prestataires de service ne cachent pas leur satisfaction:
«Nous avons presque tout vendu. Vous voyez que la boutique est pratiquement vide. Cette année a été exceptionnelle. Les commerçants ont vraiment fait de bonnes affaires avec les ustensiles et le textile. Nous sommes obligés de lancer de nouvelles commandes pour le Ramadan», déclare un commerçant de la place.
Pourtant à Bamako, il n’est pas rare d’entendre des anecdotes sur ces «mariées du ramadan» qui font l’objet de moqueries. Elles sont souvent appelées les moni tobila, littéralement «celles qui préparent la bouillie» (préparation à base de farine de mil) consommée à la rupture du jeûne.
Car malheureusement, nombre de ces mariages prennent fin avec le ramadan. Selon certains, une certaine précipitation serait à l’origine de l’échec de ces unions. La surcharge de travail à laquelle les mariées ne seraient pas habituées est notamment pointée du doigt.
Lu sur L'Essor