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Saber Khelifa, le foot sous les bombes libyennes

Maudit ou malchanceux, Saber Khelifa voit peut-être la fin du tunnel, à l’aube de la saison 2011-2012 du championnat de France de football. Le joueur, d’abord mis au ban de l’Espérance sportive de Tunis où il n’était plus en odeur de sainteté, puis contraint de fuir la Libye au début des hostilités, a peut-être trouvé, avec le club français d’Evian Thonon Gaillard, un endroit où se fixer.

L’attaquant tunisien de 24 ans a confié ses espoirs et ses attentes au magazine So Foot le 1er août 2011:

«J’avais beaucoup de problèmes avec mon club de l’Espérance de Tunis […], le club le plus important de mon pays. C’était chaud pour moi là-bas. Les relations étaient tendues avec les dirigeants mais aussi les supporters», a-t-il reconnu.

La frustration de ne pas jouer, Saber Khelifa connaît bien. Désireux de quitter son pays natal pour rallier l’Hexagone et Evian, l’attaquant s’est heurté à son employeur, l’Espérance sportive de Tunis, qui ne comptait pas le voir partir sans contrepartie financière.

Devant le refus de son joueur de prolonger son contrat, la formation a envoyé Khelifa vers le club d’Al-Alhy Benghazi, en Libye. Une destination qui s'est rapidement révélée dangereuse, car peu après son arrivée éclataient les hostilités entre rebelles et pro-Kadhafi. Le néo-Evianais évoque son court passage dans le fief des insurgés:

«Je n’ai disputé que deux matches avec mon équipe. Après, on ne pouvait plus jouer au football. Je rentre exactement le 16 février et le lendemain, Benghazi se fait bombarder! On a vraiment eu très peur de mourir. Tu voyais des pistolets et des kalachnikovs de partout. C’était incroyable», confie-t-il.

Saber Khelifa a donc œuvré à son rythme ces derniers mois pour garder une forme physique convenable, en attendant de découvrir l'élite française. Et tant pis si le natif de Gabès ne maîtrise pas encore totalement la langue de Molière —son enthousiasme devrait aider à le combler:

«Je veux être titulaire. C’est mon premier objectif, et aussi celui de retrouver la sélection nationale. Mais je suis heureux ici, l’ambiance est magnifique!», martèle-t-il.

Attention tout de même à garder la tête froide: en bon promu, et malgré ses deux titres consécutifs (National, puis Ligue 2) en deux ans, Evian s’attend à lutter pour sa survie. L’expérimenté Jérôme Leroy, arrivé cet été en Haute-Savoie, annonce la couleur sur Football.fr:

«Ça va être difficile, tout le monde le sait ici. On doit revenir à la réalité car on risque de connaître plus de défaites que de victoires.»

Toujours est-il que Khelafi préfère sans doute cette pression à celle de Benghazi.

Lu sur So Foot