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Visite du président Dioncounda Traoré à Mopti et Konna : NOTES DE VOYAGE
LE CALVAIRE DES DELESTAGES
Depuis le début l'intervention militaire française, ville de Mopti ne vit plus dans la psychose d'une attaque des jihadistes, mais elle est confrontée aujourd'hui au grand problème des coupures intempestives d'électricité. Certes les délestages touchent les autres parties du pays dont la capitale, mais ils sont bien plus fréquents à Mopti. Les services et entreprises qui n'ont pas les moyens de s'acheter un groupe électrogène, tournent au ralenti. C'est le cas de l'établissement d'hébergement appelé le « Campement ». Les activités de l'auberge commencent véritablement à partir de 18 heures, car la ville est alimentée par Energie du Mali de cette heure à 7 heures du matin. La crise d'électricité constitue un grand manque à gagner pour les petites et moyennes entreprises de Mopti et Sévaré. Depuis le début de la crise sécuritaire, le secteur touristique dont la ville tirait une bonne partie de ses recettes est presque à terre. Les hôtels ressemblent à des lieux fantômes.
C'est le cas justement du « Campement» où nous avions pris nos quartiers lors de la visite du président Dioncounda Traoré. Avant la crise, cet établissement refusait du monde. Les réservations devaient se faire des jours à l'avance. Aujourd'hui, le « Campement » n'est plus que l'ombre de lui-même. Comme tous les autres lieux d'hébergement où les quelques rares clients bénéficient de tarifs forfaitaires.
PANIQUE À MOPTI
Le gérant de l'hôtel « Campement » se rappelle des moments de panique qu'a vécus la ville Mopti à l'annonce de la nouvelle de la prise de Konna par les jihadistes. L'homme est de nationalité camerounaise et de confession chrétienne. Il assure que dans un premier temps, il était décidé à rester sur place même si les islamistes attaquaient Mopti. « Mais quand j'ai vu les gens se précipiter dans les stations d'essence pour faire le plein et partir, j'ai eu peur. Je me suis alors dit qu'il faut partir. J'ai expliqué à mon gardien malien que je devais partir car si les islamistes me trouvaient sur place, ils allaient m'égorger à cause de ma foi et de mes activités professionnelles. J'ai alors dit au gardien qu'il était désormais le gérant du Campement. Nous avons fait disparaître toutes les boissons alcoolisées et les affiches publicitaires qui les vantaient. Avant de partir, j'ai tenu à donner les derniers conseils au gardien qui est musulman en lui recommandant de prier régulièrement et de couper ses pantalons jusqu'au-dessus de la cheville, et de ne plus m'appeler au téléphone. C'était donc du ni vu ni connu », confie l'homme. Mais dès le lendemain, l'invention militaire française commençait. Le gérant n'est donc plus parti. Il a repris son poste et le gardien reste toujours le gardien.
LE SOLDAT « INCONNU » ET LE JIHADISTE
Quelques jours avant l'arrivée du président Dioncounda Traoré à Konna, la ville martyre et héroïque, deux cadavres ont été découverts derrière le débarcadère. Le premier corps est celui d'un de nos soldats. Le soldat qui portait un sac à dos et une arme (une kalachnikov) se serait noyé. Son corps était en état de décomposition avancée. Le deuxième corps est celui d'un islamiste. Apparemment, il a été tué dans un bombardement français. Quand l'aviation française commença ses frappes, beaucoup de terroristes s'étaient camouflés dans les arbres. Mais c'était compter sans l'efficacité des avions français dotés d'appareils de vision infrarouge.
UNE VIE BRISEE
La guerre laisse des traces parfois indélébiles. C'est le cas de cette femme dont la vie a brusquement basculé lors des combats à Gao. La dame a été présentée au président Dioncounda Traoré lors de sa visite au camp des déplacés de Sévaré. La pauvre a perdu et son mari et tous ses enfants lors des combats dans la cité des Askia. Désormais, elle s'efforce de refaire sa vie dans le camp de déplacés avec ses s½urs et d'autres parents. Au nom de la nation, le président de la République lui a présenté ses condoléances les plus attristées, avant de lui remettre une enveloppe symbolique.
Rassemblés par
A. DIARRA