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Les bonnes routes de Kigali
A Kigali, capitale du Rwanda, tout semble bien organisé. En tout cas en apparence. L'état des routes ne laissent pas indifférent, comparé à l'état des routes en République démocratique du Congo, son voisin.
Dans la capitale du Rwanda, les routes sont propres, bien asphaltées, pas de nid de poules et pas d'eau stagnante. La signalisation est correcte et les chauffeurs font de leurs mieux pour respecter le code de la route. Ce sont des images qui frappent lorsqu'on circule à Kigali.
Ma surprise est plus grande lorsque je me rends à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, est de la République démocratique du Congo. Pendant un peu plus de trois heures que dure le trajet, le bus que j'ai pris serpente et se faufile entre les collines, monte et descend sur le bitume en bon état. Lorsqu'on prend place à bord, ce n'est pas l'épreuve de force où on doit se donner des coups de coudes pour monter. Pas besoin de courir non plus pour rattraper ces véhicules de transport en commun.
Patrick, jeune congolais dans la trentaine, remarque ma surprise et m'aborde. «Mon cher, je vois que tu n'es pas du coin. Tu as vu l'état des routes au Rwanda ? me demande-t-il. Je dis oui. Sans attendre, il enchaîne, «tu seras surpris lorsque tu verras l'état des routes à Goma. Elles sont dans un état lamentable. Le pire c'est qu'il y a de l'argent pour les arranger, soit les autorités ne font rien ou bien ils confient les travaux à des entreprises qui font un travail de mauvaise qualité,» se déplore-t-il.
Il me prévient qu'aux services de contrôle à la frontière, j'aurai d'autres surprises. Arrivé à Gisenyi, il hèle deux motos qui nous conduisent jusqu'à la frontière. Le temps presse et la frontière va bientôt fermer. En rang, nous prenons les formulaires, remplissons avant d'atteindre le guichet. Chacun à son tour présente les documents qu'un agent vérifie avant de mettre un tampon.
Au pas de course on court pour atteindre le poste de contrôle de Goma en République démocratique du Congo. Une rangée se forme, pour présenter les documents. Pendant ce temps quelques personnes ne font pas la file. Ils attendent à côté. Deux passent avant ceux qui sont en rang pour avoir l'autorisation d'entrée. C'est leur façon de me souhaiter la bienvenue. Je suis le seul à leur faire remarquer que ceux qui sont en rang ne sont pas cons pour attendre. Ils n'en ont cure et tentent de se justifier. Mon tour arrive. Alors qu'en face on a juste vérifié mes documents, dans mon propre pays, un agent me pose la question de savoir, ce que je viens faire au Congo, comme si j'y étais interdit de séjour.
La gorge serrée, je lui dis que ce n'est pas une question à me poser. Elle esquisse un sourire avant de me rendre mes documents et me demander de lui laisser quelques choses, comprenez un peu d'argent.
Je ne m'exécute pas et reprends mes documents. Sur les routes, le constat est plus que surprenant et le contraste saisissant. Pas de routes dignes de ce nom. Le boulevard qui mène vers le rond-point du BDGL est parsemé des nids de poules. Le rond-point en question ressemble à quelque chose difficile à définir. Il est couvert des sacs accrochés à des barres de fer rouillées. Les taxis motos sont des exploits pour éviter les nids de poules qui sont fréquents. Il faut bien se s'accrocher pendant les secousses et les déviations des trous sur la chaussée. Les voitures basses en paient le prix. Très vite, je comprends pourquoi il y a autant des jeeps. Mais comment fait-on pour avoir des routes en si mauvais état?
Certaines autorités locales se plaignent aussi du mauvais état des routes. Apparemment, le délabrement des routes en dit long sur la gestion de cette province, au sous-sol scandaleusement riche. Une richesse que l'état de ses routes ne reflète pas. Même si cela n'est qu'un signe sans être représentatif, c'est tout de même un détail frappant.
Jacques Matand'