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En appelant à la chasse aux sorcières, les révolutionnaires libyens se tirent une balle dans le pied
La loi destinée à exclure de la vie publique toute personne ayant occupé un poste de responsabilité sous le régime de Mouammar Kadhafi a été adoptée. Les milices armées veulent plus : le départ du gouvernement d'Ali Zeidan.
Après avoir suscité beaucoup de controverses et provoquée une accentuation de la situation d'anarchie la loi destiné à « épurer » la vie politique libyenne a été adoptée dimanche. Une victoire pour les milices qui encerclaient depuis plusieurs jours le siège des ministères pour faire pression sur le parlement. Les milices ont annoncé, après cette victoire, la levée du siège des ministères. Un mot d'ordre qui n'a pas été appliquée partout puisque des ministères étaient toujours encerclés ce lundi. Certaines milices voulant pousser leur avantage pour obtenir la chute du gouvernement Ali Zeidan. Celui avait « osé » mener une campagne, il y a quelques semaines, pour l'évacuation des milices de la capitale. Il est accusé de provoquer les « thowars » (révolutionnaires) qui se posent en gardiens de la révolution. Ces milices viennent en tout cas d'apporter la preuve de leur influence et, à contrario, elles ont apporté la preuve de la faiblesse des institutions officielles dont le gouvernement. L'adoption de la loi qui écarte de la vie politique toutes les personnes qui ont occupé des postes de responsabilités de septembre 1969, date du renversement de la monarchie et de l'avènement du régime de Kadhafi jusqu'à sa chute en octobre 2011. La loi qui doit prendre effet dans un mois aura un impact significatif puisque le président du Congrès, Mohamed al-Megaryef, qui a été ambassadeur à la fin des années 70 devrait être touché.
Le problème de la Libye, c'est le manque de compétence !
Le Congrès général national a adopté la loi d’exclusion par 115 voix sur un total de 157. La loi doit être ratifiée par la Commission juridique du Congrès avant d'entrer en vigueur. Outre Mohamed al-Megaryef, quatre ministres du gouvernement d’Ali Zeidan et une quinzaine de députés, dont le vice-président du Congrès, Jomaa Atiga, pourraient être bannis de la vie politique. L'ancien Premier Ministre, Ahmed Jibril, qui a également occupé des fonctions dans l'ancien régime pourrait être poussé vers la sortie. Human Rights Watch a dénoncé une loi à formulation léonine et vague et la considère comme attentatoire aux droits de l'homme et à la Constitution libyenne provisoire. Ali Zeidan dont le départ est réclamé par les milices voulait limiter le champ d'application de la loi « d'épuration » aux seuls responsables convaincus de corruption ou de violence. Il a échoué. Pour un responsable de Crisis Group, cette loi organise une « chasse aux sorcières » contreproductives en estimant que le problème de la Libye est d'abord celui « du manque de compétence ». « En appelant à la chasse aux sorcières, les révolutionnaires se tirent une balle dans le pied. » a affirmé un expert de la Libye