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Sahara Reporters, le WikiLeaks africain

Dans le paysage médiatique nigérian, Sahara Reporters a une place à part. Ce site Internet a gagné une véritable notoriété auprès de ses lecteurs sur les sujets les plus sensibles. Engagé, militant, c'est un média citoyen par excellence, réalisé par des «citoyens-journalistes». Ses sujets de prédilection: les violations des droits de l’homme, les abus de pouvoir et les affaires de corruption, notamment de responsables publics du Nigeria. Un véritable «WikiLeaks africain».

La reconnaissance du travail de Sahara Reporters dépasse les frontières du Nigeria, la plus grande nation d’Afrique. Le site vient d’ailleurs d’être récompensé d’un prix de 450.000 dollars (319.000 euros) par l'Omidyar Network en guise de soutien au journalisme dans les pays en développement, dans le cadre d’une initiative de cette organisation philanthropique en faveur de la transparence gouvernementale.

A l’origine et aux commandes de Sahara Reporters se trouve Omoyele Sowore. La quarantaine, cet ancien dissident politique nigérian vit et travaille en exil à New York, d’où il pilote le site créé en 2006. L’idée derrière cette plate-forme d’informations, c'était d’utiliser les nouvelles technologies pour les mettre au service de la liberté d’expression et de la démocratie au Nigeria.

Entièrement dédié à la promotion des médias citoyens, Global Voices Online a interrogé le fondateur de Sahara Reporters. Omoyele Sowore explique les risques auxquels s’exposent ses collaborateurs. Ce sont des bénévoles qui s’engagent par conviction et n’hésitent pas à se mettre en danger pour rapporter des informations, des photos, des vidéos...

«Nous avons 1.700 reporters rien que sur Blackberry qui se sont portés volontaires pour couvrir les dernières élections au Nigeria pour nous.»

Sahara Reporters a pu ainsi publier des photos des violences électorales et de la répression policière qui a suivi le scrutin, rapporte le Huffington Post.

Sowore s’assure que les informations circulent et que ses collaborateurs travaillent en toute sécurité. Il dispose de sources à plusieurs niveaux du gouvernement et dans le secteur financier. Plus de 5.000 informations ont été publiées depuis 2006. Il y a systématiquement un travail de double vérification des faits rapportés, avant les étapes d’édition et de publication. A chaque fois, il s’agit d'acteurs citoyens.

Interrogé sur les réalisations de Sahara Reporters, Sowore n'est pas peu fier du travail accompli:

«Certains articles ont sauvé des vies, d'autres ont suscité des actions et réactions. Ce qui a vraiment fait la différence, ce sont les photos, vidéos et documents jamais vus auparavant que Sahara Reporters a publiés d'une manière qui a profondément changé le paysage médiatique comme la société au Nigeria.» 

Lu sur Global Voices Online, Huffington Post, Sahara Reporters