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Le blues postrévolutionnaire des Egyptiens
Trois mois après la révolte en Egypte et la chute d’Hosni Moubarak, d’anciennes tensions sont palpables dans le pays alors qu’émergent de nouveaux problèmes. Après l’excitation des débuts, le pays semble connaître un «blues postrévolutionnaire».
Si les Frères musulmans, grands vainqueurs de la révolution, exhibent un optimisme non feint depuis leur tout nouveau et rutilant quartier général, de nombreuses difficultés préoccupent les Egyptiens.
En premier lieu, les conflits religieux et communautaires. Plusieurs incidents ces dernières semaines entre chrétiens coptes et extrémistes salafistes ont fait 12 morts, plus de 200 blessés et ont provoqué l’incendie d’une église. Beaucoup craignent que cette montée de violence entre chrétiens (qui représentent 10% de la population) et musulmans ne soit symptomatique de divisions profondes dans la société égyptienne.
«La violence sectaire est l’une des choses qui effraie le plus les gens quant à l’avenir de la société. Il ne peut pas y avoir de transition démocratique s’il existe des violences entre les différentes religions et si les forces politiques islamiques dominent la scène politique», explique Dina Samak, rédactrice du journal égyptien Al-Ahram.
La pauvreté est également un grave sujet de préoccupation pour les Egyptiens. La révolution a rendu la vie encore plus difficile pour les citoyens démunis. Le prix des denrées alimentaires a doublé, le taux de chômage des jeunes frôle les 30% et ceux qui ont un emploi sont bien souvent sous-payés. L’armée, au pouvoir depuis le départ de Moubarak, n’est sans doute pas la plus qualifiée pour diriger un pays en pleine transition, observe BBC News.
L’impatience du peuple, enfin, contribue certainement au pessimisme général palpable dans les rues du Caire. L’excitation et l’optimisme révolutionnaires sont retombés. Car il est plus difficile que prévu de bâtir une nouvelle société. Mais sans doute trop peu de temps s’est écoulé depuis le changement de régime; difficile de réformer un si grand pays en seulement trois mois.
Les élections parlementaires qui doivent se tenir en septembre 2011 devraient être un bon indicateur de la voie empruntée par l’Egypte. Et plus encore certainement le sera l’élection présidentielle, dont la date n’a pas encore été fixée. Le processus électoral aura-t-il lieu? Sera-t-il équitable? Et les Egyptiens seront-ils prêts à en accepter les résultats?
Lu sur BBC News