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Hôpital Birtraria, Alger, août 2012 / REUTERS
Hôpital Birtraria, Alger, août 2012 / REUTERS

Cette plaie qui gangrène les hôpitaux algériens

L'hospitalisation du président Bouteflika à Paris a relancé la contestation dans les services de santé algériens, qui manquent de moyens.

Pas de trêve sociale en Algérie. La crise enfle dans les hôpitaux et la paralysie est assurée à partir de ce lundi 6 mai 2013. Mauvaise prise en charge du malade, pénurie de médicaments, manque de moyens, autant de sources de contestation. Alors que la population s’indigne, les professionnels de la santé entrent en grève.

Il y a tout juste une semaine, le président Abdelaziz Bouteflika se faisait hospitaliser en urgence au Val-de-Grâce, hôpital militaire français, pour un «mini AVC». Les communiqués officiels de la présidence parlaient alors «d’un transfert dû au manque de moyens pour assurer au chef de l’Etat tous les examens et soins nécessaires à sa santé». Depuis la colère gronde. Un peu partout, sur les réseaux sociaux, dans les hôpitaux…

A Alger, c’est à l’entrée du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) de l’hôpital Mustapha Pacha, le premier centre anti-cancer du pays, qu’un groupe d’une trentaine de citoyens a décidé de manifester dans la journée de samedi 4 Mai 2013.

Leur objectif: s’indigner contre l’état de délabrement du système de santé du pays, contre les transferts récurrents des dignitaires du régime à l’étranger pour soins pendant que les malades Algériens, les cancéreux plus particulièrement, meurent dans l’indifférence faute de traitements.

Leurs slogans sont tranchants:

«Val-de-Grâce pour tous, hôpital digne pour tous!»

«Changeons de système»

Sur leur page Facebook, ces jeunes précisent leur démarche: Ils réclament un changement de système.

«Un président qui part se soigner ailleurs, alors que son peuple crève sur le pavé du délabré CPMC, cela touche à la souveraineté de l’Etat! Brisons le silence, indignons-nous! Un génocide à ciel ouvert, une mort à petit feu est réservée à ceux là. Le président Bouteflika a été hospitalisé à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris. En 14 ans de règne, il a dépensé plus de 800 milliards de dollars sans pouvoir construire un hôpital digne de ce nom. Changeons de système!»

Ces jeunes ne sont pas les seuls à s’indigner. Les professionnels de la santé sont actuellement en pleine ébullition. Alors que les corps communs de la santé et les paramédicaux sont déjà en grève depuis des jours, les praticiens de la santé publique (spécialistes, généralistes, pharmaciens, dentistes, enseignants, psychologues) entament une grève de trois jours renouvelable à partir du 6 mai. Une paralysie des hôpitaux pour revendiquer de meilleures conditions de travail, un hôpital digne pour tous. L’enjeu est de taille et la colère se justifie.

Les Algériens atteints du cancer (47.000 nouveaux cas chaque année) subissent des pénuries récurrentes de médicaments et une très mauvaise prise en charge, faute de moyens.

L’Algérie compte seulement cinq centres de radiothérapie. Un milliard d’euros pour la grande mosquée d’Alger à laquelle tient tant le président Bouteflika, de quoi construire des dizaines d’hôpitaux et de centres de radiothérapie. Son hospitalisation récente au Val-de-Grâce, semble être la provocation de trop…

Fella Bouredji

Fella Bouredji

Critique littéraire et journaliste au quotidien algérien El Watan

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