mis à jour le
Elimination du trachome : LE PNLC ET SES PARTENAIRES PASSENT A LA VITESSE SUPERIEURE
Ils viennent de lancer dans ce sens un projet financé par la Fondation Hilton qui s'étendra sur 3 ou 5 ans
Notre pays nourrit l'ambition légitime d'éliminer le trachome dans les trois à cinq prochaines années. Il multiplie les initiatives et les actions dans ce sens. Le Programme national de lutte contre la cécité (PNLC), en collaboration avec les organisations Sightsavers, Hellen Keller international (HKI) et le centre Carter, a ainsi élaboré un projet d'élimination du trachome au Mali sur financement de la Fondation Hilton. Le lancement solennel de ce projet qui s'étendra sur 3 ou 5 ans a eu lieu jeudi à la Maison des aînés sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Santé, le Pr Adama Diawara, et en présence des représentants de Sightsavers, Elie Kamaté, de HKI, Oulémata Diarra, et du centre Carter, Sadi Moussa. On y notait aussi la présence du coordinateur du PNLC, le Pr Sanoussi Bamani, et de nombre d'invités.
Entre 96-97, une enquête a montré que 33% de nos enfants étaient atteints de trachome et qu'il y avait un besoin de plus de 85 000 chirurgies. On est parti de cette ligne de départ pour mettre en application la stratégie : chirurgie, antibiothérapie, nettoyage du visage et amélioration de l'environnement « chance » recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la lutte contre la cécité, notamment la réduction des facteurs de risque.
Le trachome représente un réel problème de santé publique dans notre pays. Les données épidémiologiques fournies par une enquête nationale menée en 96-97 et des enquêtes en 2005 et 2010, attestent de la gravité du trachome et du trichiasis dans notre pays. Le Mali figure parmi ainsi les zones d'intervention prioritaires de l'Alliance mondiale pour l'élimination du trachome.
Selon les statistiques du PNLC en fin décembre dernier, il y avait dans notre pays seulement 8 districts endémiques de trachome et 32 districts endémiques de trichiasis. Pourtant, il y a urgence et nécessité d'assurer une prise en charge chirurgicale d'un minimum de 27 000 personnes souffrant de trichiasis pour éviter qu'elles ne perdent la vue.
L'atelier de lancement du projet d'élimination du trachome dans notre pays s'emploiera à expliquer les objectifs du projet aux différents acteurs, notamment les intervenants directs et les partenaires techniques et financiers et aussi à valider les propositions de plans opérationnels 2013 par région.
Le secrétaire général du ministère de la Santé a rappelé l'intérêt que son département accorde aux questions lies à la cécité parce que pouvant constituer des entraves à l'atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). « En plus d'être un problème de santé publique ou de souffrance humaine, la cécité entraîne une baisse de la production et de la productivité. Les femmes et les enfants, sont les premières victimes des conséquences sociales de la cécité », a ainsi noté le Pr Adama Diawara.
L'OMS estime à environ 314 millions de handicapés visuels dans le monde. 45 millions de non-voyants sont dans ce lot dont 7 millions vivent en Afrique. Le Mali en compte 174 000. Cette situation interpelle la conscience et requiert la mobilisation de toute la communauté pour une mise à échelle des efforts de lutte contre la cécité, notamment des maladies cécitantes comme le trachome, la cataracte et bien d'autres.
Dans le cadre de la lutte contre la cécité, les pays en développement doivent accomplir encore de gros efforts, notamment en Afrique. La prévalence de la cécité, estimée à 0,2% dans les pays développés est, en effet, 10 à 15 fois élevée dans nos pays. Elle est ainsi de 1,2% au Mali.
Les spécialistes estiment que 80% des causes de cécité sont évitables ou curables. L'organisme international dédié à la santé a lancé en février 1999, une initiative dénommée « Vision 2020, le droit à la vue ». Il s'agit d'une synergie d'actions à travers un partenariat pour éliminer les causes évitables ou curables de cécité d'ici l'an 2020.
Pour la certification de l'élimination du trachome dans un pays, l'OMS exige de remplir certaines conditions : une prévalence du trachome folliculaire de moins de 5% dans tous les districts et une prévalence du trichiasis et de la forme pré-cécitante de la maladie à moins de 0,1%.
Les partenaires entendent maintenir un cadre de dialogue permanent avec le ministère de la Santé afin d'améliorer l'accès des populations aux services de santé de qualité en général et de soins oculaires en particulier, a assuré Elie Kamaté.
Des succès assez louables ont été déjà enregistrés dans la lutte contre le trachome avec l'appui des organisations non gouvernementales. Notre pays est ainsi passé de la phase de lutte à la phase de l'élimination, a indiqué le représentant de Sightsavers.
B. DOUMBIA