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Une nuit d'insomnie au Caire

Yassin Temlani, un célèbre journaliste algérien, est parti en reportage toute une nuit avec le comité de vigilance de Madina Al Mabouthine, une cité en périphérie du Caire. Il raconte pour Maghreb Emergent l’anarchie qui règne dans les rues depuis que les manifestations ont commencé en Egypte le 25 janvier. Comment les gens bravent le couvre-feu —entre 16h et 8h du matin— maintenus en éveil par la peur des pilleurs et l'incertitude du lendemain.

Des professeurs d’université sont contraints de se transformer en police de proximité pour protéger leur foyer. Des solidarités se nouent dans la population pour faire face aux pilleurs. Même le vrombissement des motos suscite l'inquiétude. Les cités populaires voisines d’Al Mabouthine sont en proie à des jeunes voleurs qui saccagent l’école du quartier.

Les moyens de défenses sont précaires: cocktails Molotov improvisés avec des canettes de Pepsi, gourdins, ou sabres. Tout le monde reste accroché à son portable pour se tenir au courant des dernières nouvelles venues de la capitale.

Cette surveillance nocturne est entrecoupée de débats animés sur le régime d’Hosni Moubarak, sur l’avenir de l'Egypte, ou sur le rôle de l’armée dans les manifestations :

«Il exagère, quel bloc de glace! C’est comme s’il n’était pas au courant de ce qui se passe.»

«Comment l’Egypte a-t-elle pu en arriver là?»

«Pourquoi les gens qui manifestent ne rentrent pas chez eux pour laisser l’armée faire son travail? Ils pourraient bien réoccuper la rue dans la journée!»

Le jour se lève, et les manifestations continuent.

Lu sur Maghreb Emergent