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Un flic à Nairobi

Voici maintenant de longues années que Nairobi, la capitale du Kenya, s’est taillée une bien fâcheuse réputation. Celle d’une ville où les vols à la tire, la grande criminalité et, désormais, la cybercriminalité règnent en maîtres. A tel point que les visiteurs et les Kényans eux-mêmes ont fini par surnommer la ville «Nairoberry», de Nairobi et «robbery», vol en anglais.

En février 2011 par exemple, des hackers ont trafiqué le système de sécurité d’une banque coopérative de la capitale et transféré un demi-million de dollars (352.000 euros) sur les comptes de clients par l'intermédiaire de 480 téléphones portables. Seulement, les alertes informatiques ont sonné dès que les clients ont commencé à retirer ces fonds subtilisés.

«Avant, les braqueurs entraient dans une banque avec un pistolet et volaient tout l’argent. Aujourd’hui, les gens utilisent les ordinateurs. Nous devons nous adapter constamment», confie le caporal Patrick Simuyu, 41 ans et chef-enquêteur à la Division des enquêtes criminelles de Nairobi.

Simuyu est bien connu dans le pays pour avoir démantelé avec son équipe plusieurs réseaux de cybercriminels. Il a aussi permis de conduire devant les tribunaux des personnes arrêtées dans le cadre de diverses affaires d’homicides et de vols. Son énergie et sa persévérance sont parmi les raisons principales de la baisse des chiffres de la délinquance que les autorités locales peuvent revendiquer aujourd’hui.

En effet, un rapport annuel de la police kényane indique qu'entre 2006 et 2010, les vols avec violences ont diminué de 36%, les vols de voitures de 32%, les viols de 27% et les cambriolages de 25%. Cette baisse du taux de la criminalité nairobienne est cependant contrebalancée, selon les mêmes autorités policières, par une augmentation des affaires comme celle sur laquelle enquête actuellement le caporal Simuyu. Sur la même période de 2006 à 2010, la cybercriminalité a augmenté de 39%, les homicides de 3% et les meurtres avec préméditation de 10%.

Patrick Simuyu continue cependant sa chasse aux délinquants avec patience et détermination, et doit aussi lutter contre les clichés et tous les soupçons de corruption qui pèsent sur l’ensemble des policiers au Kenya:

«Il y a des brebis galeuses partout. Mais ça me fait de la peine que les médias et le public mettent tout le monde dans le même panier.»

Il ajoute que pour lui, «la meilleure gratification est de se retrouver devant un tribunal pour montrer le travail réalisé dans une grosse affaire, obtenir une condamnation pour les coupables».

Lu sur The Christian Science Monitor