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La solitude du correspondant de presse
Le Collectif des correspondants de presse de Bouira a organisé hier, au niveau de la maison de la culture Ali Zamoum, une conférence-débat ayant pour thème «La place du correspondant dans le paysage médiatique algérien», à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Pour l'animation de la rencontre, le collectif a fait appel à Adlène Meddi, corédacteur en chef d'El Watan Week-end et Mourad Ouchichi, docteur d'Etat en sciences politiques et enseignant d'économie à l'université de Béjaïa. La conférence se veut une occasion d'aborder les «souffrances» et la «solitude» des correspondants des régions. «Il y a très peu de dialogue entre les correspondants de presse et les rédactions centrales», souligne le corédacteur en chef d'El Watan Week-end. Cela s'explique par le fait que les journaux courent derrière l'information dite nationale au détriment des infos qui parviennent des différentes régions du pays, d'où le sentiment de plusieurs correspondants d'être abandonnés par leurs rédactions. En donnant l'exemple du journal El Watan Week-end, Adlène Meddi a tenu à préciser que la formule Nationale/Régionale a été abolie. «Plus on va dans l'information de proximité, plus les lecteurs adhèrent au journal», note-t-il en ajoutant que les rubriques régions, pour le cas du quotidien d'El Watan, sont les plus visitées que les rubriques politiques et économiques, etc. C'est la raison pour laquelle les médias, publics et privés, doivent investir dans l'information et surtout - et c'est le plus important - donner plus de moyens aux correspondants. Ainsi, Adlène Meddi estime que c'est scandaleux que des quotidiens ne s'intéressent qu'à l'argent de la publicité et ne prévoient aucun budget pour la formation des journalistes et correspondants. Ce qui est indispensable pour un métier qui ne cesse d'évoluer. Pour se défendre et faire valoir leurs droits, le conférencier insiste sur l'organisation des correspondants en syndicat ou en association. De son côté, le spécialiste en économie et en sciences politiques, Mourad Ouchichi, s'est basé dans son intervention sur les pressions que subit le correspondant de presse de la part de «la mafia locale». «Le correspondant de presse est exposé à la pression de la mafia locale. Il est une proie facile», dit-il. L'enseignant universitaire regrette que des bureaux régionaux de plusieurs quotidiens «soient transformés en agences publicitaires». «La liberté d'expression doit être sacralisée», conclut-il. Lors des débats, les correspondants se sont focalisés sur les conditions toujours difficiles de l'exercice de leur métier. Des syndicalistes, artistes et des militants ont été également invités à assister à la conférence.