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MISE EN PLACE D’UNE MONNAIE UNIQUE : L’expert Amadou Tidiane Diagne liste les préalables
Le Conseil National du Patronat a organisé, hier, un panel d'échanges sur «la crise de l'euro» introduit par le Professeur Hartmut Hamann, coordonateur du programme d'Etat de Droit de la Fondation Konrad Adenauer. Cheick Amadou Tidiane Diagne, Expert de l'association professionnel des banques, a noté, en marge de cette cérémonie, que la mise en place d'une monnaie unique dans les pays Africains ne saurait prospérer, à cause de certains facteurs primordiaux non pris en compte par nos dirigeants.
Pour Cheick Amadou Tidiane Diagne, Expert de l'association professionnelle des banques, la crise de l'euro remonte à celle des «subprimes». «L'épicentre de la création des richesses s'est déplacé de la sphère réelle à la sphère financière. Ensuite, il y a eu des niveaux de développements différents dans les pays qui ne correspondaient pas à une monnaie forte», a-t-il expliqué.
Laissant entendre que les produits Allemands étaient compétitifs et que ce pays a voulu tirer les autres pays, avec cette intégration économique et monétaire, il dira, concernant les pays africains : «en Afrique, c'était le contraire. On avait voulu commencer avec une intégration monétaire et c'est après que l'on a fait l'intégration économique, après la dévaluation en 1994. Mais cela n'a pas boosté les échanges, c'est entre 10 et 15 %, parce que le parallélisme des structures est à effet négatif. Chacun va exporter ses produits et matières premières à très faible valeur ajoutée, pour avoir des devises et importer des biens qu'aucun des voisins n'a produits. Cela a amené l'extraversion». Il a, par la suite, noté que tant que ce problème n'est pas réglé, le problème de la monnaie unique ne saurait être aussi réglé. «Ce sont les économies d'échelle qui permettent d'avoir de très grandes contributions. En Inde ou au Brésil, la demande intérieure peut absorber la production locale, mais ici, il n'y a même pas de production, nous ne consommons que le riz qui engloutit 200 milliards et qui n'apporte aucune devise. Il faut une révolution culturelle dans les consommations, les modes d'habillement et de locomotion or, nous ne produisons rien», déplorera-t-il. Pour une économie monétaire, il énumère un certain nombre de conditions, parmi lesquelles, une gouvernance vertueuse, une révolution culturelle, une autonomie militaire. «Tout le monde voudrait que l'on ait notre propre monnaie, cela fouette notre dignité nationale mais, il faut pouvoir le faire, avec une opinion publique dynamique, une société civile qui constitue un contre pouvoir et une gouvernance vertueuse, sinon on va droit vers le mur», a-t-il laissé entendre.
Le Professeur Hartmut Hamann, lui, est d'avis que l'Euro pourrait survivre à sa crise, si les pays Européens combinent la politique et les économies, le marché étant commun. Noircissant le tableau, il dira que les conséquences de la disparition de l'Euro seraient compliquées pour l'Afrique.
Mamadou DIOUF
REWMI QUOTIDIEN