mis à jour le
Nigeria - Le sage gouverneur qui a dompté Lagos
Réélu gouverneur de Lagos avec plus de 81% des suffrages aux élections générales d'avril 2011 au Nigeria, Babatunde Fashola a acquis le statut de vedette —et pas seulement sur la scène politique nigériane. Pour preuve, lorsqu’il se rend au théâtre de Lagos, il suscite plus d’applaudissements que le spectacle lui-même, observe le journal britannique The Economist, qui loue en lui un homme politique d’une qualité rare.
Le 9 mai, le gouverneur vedette de l'Etat de Lagos a reçu son certificat de réélection de la Commission électorale nationale indépendante (Inec). Il n’a pas manqué de remercier tous les acteurs du scrutin, en premier lieu les électeurs, pour leur confiance renouvelée, mais aussi ses adversaires pour leur fair-play, sans oublier de saluer la mémoire des membres du Service national de la jeunesse qui ont servi en tant qu’agents sur le terrain de l’Inec et pour certains y ont laissé leur vie au cours des élections.
Fashola est adulé, considéré comme un véritable héros depuis son premier mandat, entamé en 2007. Il a désengorgé la grouillante et affairée capitale économique du pays en débarrassant la ville des marchands ambulants qui paralysaient la vie de la mégapole au grand dam des hommes d’affaires, et rénové les voies de bus. Il a aussi recruté des caïds pour les postes d'agents d’entretien des rues et de la circulation.
Son action a abouti à une restauration de l’ordre, notamment en imposant le port du casque aux okadas, les motos-taxis, et interdisant à ces «dangers public» d’emprunter les routes principales. De plus, l’insécurité liée aux voleurs qui sévissent depuis le lagon s’est sensiblement réduite. Autre réalisation de taille: il a amélioré la collecte des impôts, qui produisent désormais 65% du budget.
Cet Etat, le plus petit mais le deuxième plus peuplé des 36 Etats qui composent la fédération, représente seul l’équivalent de la cinquième économie de l’Afrique subsaharienne avec un PIB de 30 milliards d’euros.
A ceux qui lui promettent un destin présidentiel, Fashola montre une certaine réserve. Il lui reste encore beaucoup à accomplir pour son second et dernier mandat de quatre ans, notamment sa promesse d’étoffer le reséau ferroviaire de banlieue et de mettre en œuvre un programme de logements sociaux.
Le triomphe sans surprise du gouverneur de Lagos, membre de l'ACN, la principale force d'opposition, a valeur d’exemple pour le quotidien nigérian The Nation.
«Babatunde Fashola a indubitablement prouvé que la bonne gouvernance et la mise en place d’une politique au service de la population, tout autant que le développement visible des infrastructures, toucheraient le cœur des gens qui adhèreraient au pouvoir.»
Lu sur The Economist, The Nation
