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Rufisque- Mort mystérieuse ou expédition punitive : L’histoire du déficient mental Abdou Bâ «battu» à mort

L'affaire fait grand bruit à Rufisque et ses environs. Un déficient mental du nom de Abdou Bâ, 23 ans, aurait été battu à mort par une famille, qui l'accuse d'avoir frappé un garçon de la famille à l'aide d'un coup de pilon. Les parents de la victime accusent la famille du jeune garçon.

La famille du défunt déficient mental Abdou Bâ, 23 ans, a perdu de sa chaleur. L'on décèle facilement le vide et le trouble qui a fini de gagner ce domicile niché à proximité de la mosquée du populeux quartier Thiokho de Rufisque, à hauteur de la route secondaire qui contourne la Route nationale N°1. Le domicile est éteint depuis la mort brutale, la semaine dernière, d'un fils des Bâ, qui ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales. Un déficient mental qui a rendu l'âme, ironie du sort, à l'hôpital psychiatrique de Thiaroye.

Dans la modeste concession, ses parents continuent de porter le deuil de leur fils qui, selon eux, a été battu à mort. Abdou Bâ qui aimait se mettre sur son trente et un, malgré son handicap est très connu dans la localité. Seulement derrière sa mise correcte et «soignée», l'homme souffrait depuis des années de crise épileptique, qui le poussait à des actes de violence sur ses proches et au-delà sur ceux qui se mettaient en travers de son chemin.

Un comportement qui le poussait souvent à des fulgurances de folie, mais qu'il arrivait à surmonter pour mener une vie de jeune homme tranquille, sans tracas, ni par des tourments enfouis dans sa tête. Mais le pire n'a pas été évité de justesse à partir du mardi 25 Avril dernier, lorsqu'il a eu une vive altercation, avec une famille qui vivait non loin de chez lui à Guendel. Après avoir sévèrement blessé un jeune garçon à qui il a asséné un coup de pilon sur le front. La riposte de la famille du garçon ne s'est pas fait attendre. «Pour venger leur enfant blessé, les jeunes gens de la famille se sont défoulés sur le garçon en le corrigeant à l'aide de fils électriques», explique un témoin de la scène.

A Guendel et à Thiokho, les deux quartiers où habitent les deux familles antagonistes, les commentaires et les supputations vont bon train. Chacun se fait son interprétation de l'histoire qui s'est terminée par la mort d'Abdou Camara, plus connu sous le nom d'Abdou Bâ. Ce qui a davantage alimenté le débat sur cette affaire, c'est une vidéo prise à partir d'un téléphone portable, illustrant la scène de correction d'Abdou Bâ par les jeunes de Guendel qui le poursuivaient avec des fils électriques. Un film de quelques secondes devant le chef de quartier de Guendel qui a assisté à la scène. «Il n'y avait aucune arme capable de blesser gravement Abdou comme l'appellent affectueusement ses proches», souffle un témoin. Mais depuis lors, l'image de la «correction» se passe entre téléphone portable via le fameux bluetooth et la rumeur savamment véhiculée même hors de Rufisque. Chez le voisinage, personne ne veut se prononcer publiquement sur cette histoire. Depuis la mort de Abdou Bâ, les deux familles se regardent en chiens de faïence et les accusations et contre-accusations se multiplient. Chaque famille voulant tirer la couverture de son côté, même si la justice n'a pas été encore officiellement saisie.

Fatou Kiné Mbengue demi-s½ur d'Abdou Bâ : «Il a été battu à mort»

«Ce jour-là Abdou est venu, les habits froissés et le corps sale. Je lui ai demandé ce qui s'était passé, il m'a répondu que des jeunes l'ont injurié et il a cassé la tête de l'un d'entre eux avec un pilon. Une information qu'un jeune qui fréquente la maison m'a confirmée. C'est par la suite que nous avons eu écho de la famille avec qui il avait eu cette altercation. Nous nous sommes rendus là-bas pour présenter nos excuses, mais la tutrice du jeune qu'Abdou a blessé nous a bel et bien confirmé qu'elle a demandé à ses enfants de s'en prendre à Abdou. Il n'est pas fou, un malade mental ne porte pas de tissu «Jezner» ni de costume, nous a lancé la dame. Nous sommes repartis pour ne pas verser dans la dispute, nous sommes tranquillement rentrés chez nous. Après cela, Abdou que nous avons tenté de raisonner n'était pas dans les dispositions d'en finir avec cette histoire. Abdou a été battu par cette famille le surlendemain. C'est par la suite que nous avons appris qu'il était mal en poing, nous avons réussi à le retrouver au marché central, avant de l'acheminer à l'hôpital psychiatrique de Thiaroye. Après une prise en charge médicale de deux jours, c'est le dimanche passé qu'il a rendu l'âme. Abdou a été battu à mort et les blessures qu'il avait un peu partout sur le corps et sur la tête attestent qu'il a été tué.»

Sellé Sarr, la mère de famille accusée : «Abdou a été battu à mort ailleurs et non ici»

«Abdou est venu ici mardi dernier, armé d'un pilon et il a frappé à la tête. Ce jeune que tu vois là assis, ce n'est pas mon fils, mais celui d'une amie. Il est sous ma protection, parce que sa famille a déménagé et il ne connaît que mes fils qui sont tous ses amis. Je suis allé chez ses parents pour leur expliquer le problème. A mon retour, j'ai trouvé mes enfants courroucés par ce qui s'est passé. Ils ont pris la résolution de faire sa peau à Abdou. Je les en ai dissuadés, parce qu'Abdou et sa famille sont des voisins. A chaque fois qu'il tombait de ces crises épileptiques, c'est moi personnellement qui l'amenais chez ses parents et m'occupais de lui. Les enfants se sont ressaisis, mais pas Abdou. Il est revenu avec ce bâton et il a encore frappé mon fils avant de brandir un tesson de miroir pour le menacer de mort. Tous les objets sont là. Après plusieurs alertes, sa famille, ni aucun de ses proches n'a voulu le maîtriser et il continuait à proférer ces menaces de mort. J'ai demandé aux enfants de ne pas le blesser avec aucun objet dangereux, il faut juste l'intimider avec ces fils électriques que vous voyez. C'est par la suite qu'ils l'ont donné quelques claques de ces fils sur les fesses et il a pris la fuite. C'est ailleurs qu'il a eu d'autres altercations et il a été battu à mort là-bas, mais pas ici. J'ai même appris qu'il a été battu par un tailleur, puis un chauffeur à qui il a cassé le pare-brise, il paraît que d'autres personnes s'en seraient pris à lui à Diokoul. Nous ne sommes pas des criminels. J'ai bien éduqué mes enfants.»

Mystère autour d'une plainte

Pourquoi la famille d'Abdou Bâ a attendu que leur fils soit inhumé pour verser dans des accusations ? Cette question, tout le monde se la pose à Rufisque. Interpellée, une de ces cousines estime qu'ils vont saisir la justice, suite au souhait de l'un de leurs cousins qui s'active dans la médecine. Il a décidé d'aller voir le médecin qui s'occupait de lui à l'hôpital de Thiaroye, pour un certificat médical. Un papier qui n'aura pas un poids juridique du fait qu'une autopsie attestant des coups et blessures suivie d'une hémorragie n'a pas été faite après la mort d'Abdou Bâ.

l'Observateur

Rewmi

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