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La polyarthrite rhumatoïde sous les projecteurs
Pour que la polyarthrite rhumatoïde (PR) ne soit plus une maladie méconnue, et pour limiter les ravages de cette pathologie, l'AMRAR (*) et la SMR (*) organisent, sous l'égide de département de la Santé, une campagne nationale de sensibilisation à la PR. Cette campagne couronne un long combat pour ces associations. Celles-ci ont dû batailler pendant de longues années pour voir aujourd'hui le ministère de la Santé intégrer la polyarthrite dans son plan national et l'inclure dans les priorités sanitaires nationales. Mais le combat est loin d'être gagné. La polyarthrite rhumatoïde toucherait, selon les estimations, entre 0,25 et 1 % de la population, soit 87.000 à 350.000 personnes au Maroc.
La présente campagne vise à vulgariser la maladie, et à sensibiliser la population sur l'intérêt du diagnostic précoce et surtout d'une bonne prise en charge. Selon le Pr Hajjaj, chef de service de Rhumatologie à l’hôpital El Ayachi de Salé) et ancien doyen de la faculté de médecine à Rabat, lorsque la maladie est traitée précocement, elle peut être tolérée et ne va pas évoluer vers des complications. Pour rappel, la polyarthrite rhumatoïde fait partie des rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC). Il s’agit de maladies qui attaquent les articulations et les structures péri-articulaires. On assiste alors à une destruction cartilagineuse et osseuse rapide. A long terme, une incapacité fonctionnelle, voire un handicap majeur, ne sont pas exclus. Certains organes, tels que les poumons, les yeux, ou le c½ur, peuvent également être touchés. Le pronostic vital peut également être engagé. A défaut d'une prise en charge convenable, la maladie évolue vers une invalidité des membres touchés. L’étude d’une pré-cohorte de polyarthrites récentes avait révélé une progression de 30% de la maladie après 2 ans, et prédisait une évolution handicapante. Cette situation est pourtant très évitable.
Pour cela, il faut systématiquement consulter dès les premières douleurs et non pas s'orienter vers l'automédication pour les calmer. Il faut également consulter le bon praticien, un rhumatologue en l'occurrence. Il arrive que certains médecins se contentent de prescrire des antalgiques ou des anti-inflammatoires à des patients. En conséquence, le bon diagnostic est rarement effectué. C'est une perte de temps considérable pour les malades, car une fois que les déformations s'installent, elles sont hélas irréversibles. Le coût est également moindre quand la maladie est à un stade avancé entre 60 000 et 250 000 Dhs/ an.
«La maladie évolue de manière très rapide, toutes les articulations sont touchées. C'est presque un cancer localisé au niveau des articulations. On se retrouve alors avec des malades grabataires. Lorsqu'on parle de détérioration de la qualité de vie, c'est un euphémisme », explique Pr Hajjaj.
La prise en charge de la maladie a connu un progrès notable ces dernières années grâce à la nouvelle médication, le tocilizumab. Cet anticorps a une action ciblée qui permet d’interrompre l’inflammation et ses conséquences destructrices sur l’articulation, mais seule une partie des patients peut y accéder. Les biothérapies ont démontré leur efficacité, mais leur coût élevé demeure un frein pour un grand nombre de patients. Mais ceci est relatif. Si le traitement est cher, le malade doit être une priorité, et les conséquences sociales, financières et mentales d'un handicap sont plus lourdes à assumer que le coût de la médication.
En outre, non seulement la qualité de vie du malade est altérée mais son entourage en souffre aussi. Il arrive souvent qu'un membre de la famille quitte son travail ou arrête sa scolarité pour s'occuper du malade et des tâches ménagères.
Il est donc nécessaire de lever le voile sur cette maladie. L'affichage public, la presse écrite, ou encore la radio, sont autant d'outils à utiliser pour mener cette action, dont l'ambassadeur est l'acteur Rachid El Ouali, qui a voulu prêter son image à cette noble cause. Les seules absentes de cette campagne sont les deux chaînes nationales, censées pourtant faire partie du service public.
Leila Ouazry