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Libre tribune : Les Marocains résidant à l’étranger
Au delà des transferts d'argent
Les recettes des Marocains résidant à l'étranger (MRE) déclinent depuis plusieurs années et cette baisse a été confirmée par l'Office des changes en 2013 : au premier trimestre 2013 les recettes ont baissé de 3,8 % par rapport à 2012 passant de 13,50 milliards de dirhams à 12,99 milliards de dirhams. Ce constat a des causes multiples liées, d'une part, au vieillissement de cette diaspora et, d'autre part, aux problèmes rencontrés par cette dernière dans les pays d'accueil.
Pour remédier à cette situation, l'article 163 de la Constitution de 2011 avait institutionnalisé le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger chargé d'émettre des avis sur les orientations des politiques publiques permettant d'assurer aux Marocains résidant à l'étranger le maintien de liens étroits avec leur identité marocaine et de prendre les mesures nécessaires pour garantir leurs droits et préserver leurs intérêts, ainsi qu'à contribuer au développement humain et durable de leur pays d'origine et à son progrès.
Cette place de choix réservée par la nouvelle Constitution met fin à des décennies d'oubli où le rôle de cette communauté se limitait aux simples transferts d'argent vers la patrie mère.
C'est dans le cadre des nouvelles orientations de la Constitution marocaine de 2011 que l'Université Al Akhawayn d'Ifrane représentée par son président Driss Ouaouicha et le Ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger représenté par son ministre délégué Abdelatif Maazouz avaient signé un accord de partenariat visant à favoriser la préservation de l'identité et de la culture de la communauté marocaine à l'étranger.
L'objectif de ce partenariat est de répondre aux attentes de la diaspora marocaine dans les domaines de l'apprentissage de la langue arabe, l'échange culturel, la formation continue, ainsi que le développement des études et des recherches sur les questions liées à l'immigration.
En effet, l'immigration n'est plus réduite aux simples intérêts financiers (transferts d'argent), la société marocaine autant que les hommes politiques marocains commencent à prendre conscience des problèmes que vit cette diaspora dans les pays de résidence.
La première génération d'immigrés marocaine en Europe a vieilli et elle est rentrée de plein pied dans le monde du troisième, voir du quatrième âge. La question est de savoir comment leur assurer une vieillesse décente sachant que pour des raisons administratives et médicales, la plupart des retraités marocains sont obligés de faire des allers-retours entre la mère patrie et leurs pays de résidence en Europe pour ne pas perdre leurs droits à la Sécurité Sociale et aux aides publiques.
Nos immigrés rencontrent d'autres problèmes liés à la rareté des lieux d'inhumation musulmans en Europe (les carrés musulmans se trouvent en général dans des cimetières chrétiens et les places sont très limitées). Or, si la première génération d'immigrés a toujours pensé finir ses jours dans son pays d'origine, cette pratique tend à diminuer pour des raisons multiples liées essentiellement à l'enracinement familial, culturel et social de la deuxième et troisième générations.
Enfin, les polémiques incessantes, sur les lieux de culte musulmans en Europe, ne favorisent pas le développement de ces lieux en nombre suffisant pour répondre à la demande des musulmans d'Europe en général et des immigrés en particulier.
Les dispositions de la nouvelle Constitution marocaine de 2011 engagent les pouvoirs publics à ½uvrer à la protection des Marocains de l'étranger et de leurs intérêts légitimes. Il est donc temps pour les hommes politiques marocains, dans leurs rencontres bilatérales avec les pays d'Europe ou dans le cadre des rencontres avec l'Union européenne, de soulever les difficultés et les obstructions que rencontre cette diaspora en Europe afin de trouver des solutions qui permettent à cette dernière de s'épanouir et de profiter pleinement de ses droits.
Karim Badri