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Bourse : Certaines valeurs résistent bien à la tendance baissière
Malgré la légère embellie constatée au niveau de l'évolution des indices du marché boursier avec la publication des résultats financiers des sociétés cotées, les principaux baromètres de la place demeurent dans le rouge. Le MASI et le MADEX affichaient, à la clôture de la séance boursière du 29 avril dernier, des pertes annuelles respectives de 1,24 %, à 7 519,72 points et 1,41 %, à 9 227,64 points. Pourtant, ces indices boursiers ne reflètent pas les comportements divergents des sociétés cotées.
En gros, les investisseurs ont largement sanctionné les valeurs et les secteurs qui ont réalisé des contreperformances en termes de réalisations financières au titre de l'exercice 2012.
Ainsi, certains secteurs ont plus pâti de la conjoncture morose actuelle. C'est le cas particulièrement des BTP dont presque toutes les valeurs ont vu leurs cours boursiers enregistrer des contreperformances notables. Les cimentiers semblent avoir plus souffert de cette conjoncture difficile. Les cours d'Holcim Maroc, de Ciments du Maroc et de Lafarge ont décroché, depuis le début de l'année, de, respectivement, 27,39 %, à 1 435 dirhams, 20,71 %, à 605 dirhams et 14,74 %, à 1 070 dirhams.
Le ralentissement du secteur des BTP et l'intensification de la concurrence suite à l'arrivée de nouveaux acteurs ont rogné les chiffres d'affaires et les marges des opérateurs du secteur avec des bénéfices globalement en forte baisse. Du coup, les investisseurs qui ne s'attendaient pas à des replis aussi significatifs des résultats des sociétés cotées du secteur ont sanctionné les cimentiers.
Idem pour la Sonasid qui n'arrive toujours pas à s'accommoder de la libéralisation du marché. La multiplication des acteurs de la sidérurgie, la morosité du marché des BTP et les importations en provenance d'Europe ont miné les performances du leader dont les réalisations financières ont déçu. La valeur a été durement sanctionnée par les investisseurs et a perdu 34,25 % depuis le début de l'année, à 670 dirhams l'action.
De même, au niveau de l'Energie, la valeur Samir a été sanctionnée à cause des résultats très en deçà des attentes du consensus du marché. La valeur a perdu 19,31 %, pour tomber à 270 dirhams.
Marché plus attractif
A l'opposé, une vingtaine de valeurs ont largement sur-performé l'indice du marché en affichant des performances boursières à deux chiffres. Outre l'impact de certains résultats financiers, les investisseurs semblent se repositionner sur certaines valeurs, attirés par les dividendes proposés et les perspectives de croissance des entreprises. Certaines performances sont toutefois plus optimistes que les réalisations des entreprises. Ainsi, depuis le début de l'année, le cours boursier de Risma a explosé avec un gain annuel de 61,15 %, à 190 dirhams l'action, malgré des résultats mitigés en 2012, ce qui signifie sans doute que les investisseurs comptent sur les nouvelles orientations imprimées par le directoire de Risma pour les mois à venir. Cette performance vient ainsi effacer une partie des pertes enregistrées par la valeur en 2012 (-42,08%) et s'explique par des anticipations de résultats meilleurs pour la valeur au titre des résultats de l'exercice en cours après le bouclage des programmes d'investissements de l'opérateur hôtelier sur le segment haut de gamme et la sortie du portefeuille hôtelier de Risma des unités hôtelières déficitaires.
D'autres valeurs ont aussi effacé une grosse partie des replis de leurs cours boursiers enregistrés en 2012 grâce notamment à des performances financières globalement satisfaisantes. C'est le cas de BMCE Bank (+21,84 %), HPS (+18 %), CMT (+48,51 %), etc.
Pour la valeur CMT, qui a réalisé de bonnes performances financières au titre de l'exercice 2012, l'action a effacé toutes ses pertes enregistrées l'an passé (-33,3 %) en affichant un gain de annuel de 48,51 %. Les investisseurs plébiscitent la valeur qui affiche de très bons fondamentaux et des perspectives de croissance intéressantes.
Globalement, en dépit de la baisse de la croissance bénéficiaire du marché, les fortes baisses de titres enregistrées aussi bien en 2012 que depuis le début de l'année en cours, ont amélioré l'attractivité de la place qui était considérée, jusqu'à très récemment, comme l'une des plus chère de la région MENA et des marchés des pays émergents.
Aujourd'hui, la place traite avec des PER 2012 et 2013p de respectivement 14,3x et 13,0x des bénéfices attendus.
Manque de visibilité
Du côté des perspectives, globalement, les investisseurs manquent de visibilité sur le très court terme. Certains pensent que l'orientation du marché peut rapidement s'inverser à la faveur d'un effet d'annonce exceptionnel. A tire d'exemple, la concrétisation de la cession de Maroc Telecom à un prix largement supérieur à celui de la valeur de l'action sur le marché peut avoir un impact positif sur la place du fait du rôle de locomotive de l'opérateur sur le marché. Déjà, on note un certain repositionnement d'investisseurs et d'épargnant sur la valeur. Certains d'entre eux tablent sur une éventuelle offre publique d'achat attractive qu'initiera le futur acquéreur de l'opérateur historique des télécommunications marocaines.
Toutefois, il ne faut pas perdre de vue l'impact négatif sur les cours des opérations de détachement de coupon de dividende des sociétés cotées. Ces opérations qui ont démarré auront tendance à tirer mécaniquement les cours vers le bas. Néanmoins, l'attractivité actuelle de la place pourrait ramener une grosse partie du cash versé sous forme de dividendes sur le marché.
In fine, le redressement serait surtout attendu au second semestre de l'année. La mise en place de nouveaux produits financiers accompagnant le développement du marché et l'éventualité de lancement d'offres publiques de vente par SNI sur une partie de ses participations dans ses filiales agroalimentaires sont parmi les hypothèses les plus fréquemment avancées.
Moussa Diop