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Soumissions aux BDT : Le Trésor ne souhaiterait pas entériner des niveaux « exagérés » de taux

A la suite de l'article publié dans le numéro 836 de la Nouvelle Tribune sur la désaffection des institutionnels marocains qui ne participent plus aux soumissions du Trésor, notre hebdomadaire  revient sur la problématique soulevée en s'inspirant largement d'appréciations fournies par une source proche du Ministère des Finances.

Sur la question très actuelle du désintérêt manifesté par les institutionnels locaux envers les soumissions du Trésor public, les milieux proches du ministère des Finances expliquent que la situation économique du pays est connue de tous : déficit budgétaire et déficit du compte courant. Dans ce contexte, on assiste généralement à une augmentation des besoins de financement du Trésor. Aussi, les investisseurs anticipent-ils des hausses de taux d'intérêt et ajournent leur décision d'investir dans les BDT car toute hausse des taux qui interviendrait après leur investissement ferait baisser la valeur marché de leurs actifs. C'est une situation tout à fait normale et qui a été observée même dans les pays développés qui ont vu une baisse drastique des investissements à long terme et une concentration des soumissions dans les maturités courtes. Pendant ce temps où les investisseurs observent un comportement « attentiste » pour avoir plus de visibilité sur les finances publiques et sur les besoins de financement futurs du Trésor, ils se rabattent sur les BDT à court terme ou sur des produits du marché monétaire. En plus, pour tester l'appétit du Trésor, ils demandent des hausses importantes de taux d'intérêt pour les maturités longues et pour des montants généralement faibles. On nous explique donc que le Trésor refuse ces soumissions car il considère que ces hausses sont exagérées et non justifiées au regard du contexte actuel. En outre, le Trésor ne souhaiterait pas entériner ces niveaux « exagérés » des taux afin de ne pas impacter négativement la demande intérieure (investissement et consommation) et par conséquent la croissance économique du pays. Il apparaitrait ainsi que les institutionnels ont tout simplement changé de stratégie en attendant d'avoir plus de visibilité sur l'évolution des besoins du Trésor et sur l'évolution des taux.

Pourtant, comme le précisait l'article de La Nouvelle Tribune (cf LNT 836), en s’adressant aux  banques en exclusivité pour satisfaire ses besoins de financement, le Trésor prive les institutionnels d’un produit de placement essentiel parce que sûr et surtout imposé par la réglementation des assurances. Une telle situation ne saurait cependant se prolonger trop longtemps, sachant, comme l'expliquent nos sources, que le marché des adjudications des bons du Trésor est un marché libre où tous les investisseurs (personnes physiques ou morales, résidents ou non) peuvent soumissionner. La seule condition est qu'ils doivent passer par une banque de la place. Dans ce marché, les soumissions sont anonymes et le Trésor n'a aucune vue sur l'identité des soumissionnaires et a fortiori sur les clients des banques. Ce n'est qu'a posteriori que le Trésor reçoit des informations sur l'identité des banques soumissionnaires et non sur leur client. Les banques IVT informent le Trésor de manière globale et non détaillée, sur la structure des investisseurs finaux. Et, dans sa stratégie de financement, ce dernier cherche à lever des fonds sur toutes les maturités pour des raisons internes liées à des bonnes pratiques de gestion de la dette (minimisation des risques de refinancement), mais aussi pour satisfaire les demandes de l'ensemble des catégories des investisseurs car il est dans son intérêt d'entretenir ces demandes pour assurer un financement stable et durable et aux meilleures conditions possibles.

Ainsi, le recours systématique aux services des banques pour les adjudications posent le problème de la réglementaire bancaire et des règles prudentielles imposées par Bank Al-Maghrib. En effet,  la Banque centrale exerce un contrôle strict à ce niveau, mais, dans les couloirs du Ministère des Finances, on fait remarquer, avec quelque malice sans doute, que le Trésor dispose de plusieurs  sources de financement et poursuit une stratégie d'arbitrage entre ces différentes sources afin d'optimiser son coût de financement et à éviter un effet d'éviction du secteur privé. De ce fait, il ne compterait pas exclusivement sur le financement intérieur et encore moins sur le financement provenant des banques exclusivement.

Afifa Dassouli

La Nouvelle Tribune

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