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Trente ans après, Mariama Bâ cartonne toujours en librairie
Trente ans après sa sortie, le roman Une si longue lettre de Mariama Bâ reste le livre le plus vendu au Sénégal.
Ce qui n’a rien de surprenant pour le quotidien sénégalais Walf Fadjri, car les thèmes abordés par l’écrivaine sont toujours d’actualité.
Une si longue lettre est le récit de Ramatoulaye Fall adressé à sa meilleure amie, Aïssatou Bâ. La narratrice saisit l’occasion de la mort de son mari pour revenir sur ses 30 ans de mariage. Elle évoque la difficulté d’être une femme dans la société sénégalaise. Ramatoulaye y exprime surtout sa souffrance d’avoir dû partager son mari avec une seconde épouse.
Marie Grésillon, auteur française, avait consacré une étude à cet ouvrage en 1986:
«Le but du roman est de condamner la polygamie en particulier, pratique bien ancrée dans les mœurs, que personne ne songe à remettre en cause», écrivait-elle (PDF).
La polygamie est autorisée sous certaines conditions par l’islam. Or, 89% de la population est musulmane au Sénégal. Et comme l’évoquait en janvier 2011 la journaliste Ndèye Khady Lo dans un article intitulé «La polygamie redevient in en Afrique», il y a de moins en moins de féministes pour dénoncer cette pratique, comme cela avait pu être le cas à l'époque où Mariama Bâ publiait son roman.
Les jeunes femmes d’aujourd’hui se résigneraient davantage que leurs aînées à vivre avec un mari polygame. Certaines expliquent d’ailleurs qu’elles trouvent cela plus pratique pour concilier famille et travail.
Une si longue lettre est le seul roman que Mariama Bâ a publié de son vivant. De nombreux parallèles entre sa vie et celle de Ramatoulaye ont été établis par les critiques. Car l’auteur, décédée en 1981, était institutrice, musulmane, mère de 9 enfants et divorcée. Elle a aussi écrit un second roman, Un chant écarlate, sorti à titre posthume en 1982.
Walf Fadjri indique que «l’ouvrage est souvent recommandé aux étrangers qui viennent visiter le Sénégal. [Il] est traduit dans douze langues». Il est également enseigné dans les collèges et les universités.
Lu sur Walf Fadjri