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Presse tunisienne: 25 nouvelles publications depuis la Révolution

Les médias du monde arabe avancent à des rythmes différents. Au moment où les autorités iraniennes viennent d’annoncer le lancement d’un Internet halal (politiquement et  religieusement correct) le ministère de l’Intérieur tunisien vient de délivrer plus de 25 récépissés depuis la Révolution du 14 janvier 2011 pour la publication de nouveaux quotidiens, hebdomadaires, bihebdomadaires, mensuels et magazines, conformément aux exigences du Code la Presse. Le ministère affirme en outre avoir reçu 81 déclarations relatives à la constitution d’associations.

Par ailleurs, la journée mondiale de la liberté de la presse s’est tenue ce mardi 3 avril 2011 à Tunis, au centre culturel El Menzah VI, organisée conjointement par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), l’Unesco et des membres du gouvernement provisoire comme Taieb Baccouche, ministre de l’Education et Kamel Laâbidi, président de l’Instance nationale indépendante pour le secteur de la communication et de l’information. L’intitulé de cette journée convenait parfaitement à la situation tunisienne: «Les médias du XXIe siècle au service de la démocratie».

A cette occasion, l’urgence d’un programme de formation des journalistes a été soumise aux syndicats des journalistes qui devront mettre en place des sessions de formation en vue d’assurer une couverture médiatique objective et complète des prochaines élections de juillet. Car il ne s'agit pas de multiplier les publications, mais bel et bien de préférer la qualité à la quantité.

A l’issue de la journée, une proposition de statut «professionnel» pour les blogueurs tunisiens a été présentée. L’ancien directeur du Monde Diplomatique jusqu’en 2008, le journaliste et théoricien des médias Ignacio Ramonet reste sceptique malgré l’engouement général —mais désordonné— autour de la profession:

«Les médias traditionnels sont pris par une course contre le temps. L’obsession de la rapidité les conduit à multiplier les erreurs. Je citerais l’exemple de la récente nouvelle concernant l’assassinat de Ben Laden. Les gens se sont précipités alors sur internet et les télés où on a découvert une image, validée par tout le monde alors qu’elle s’est révélée fausse par la suite. Revenons au sens du mot journaliste: c’est l’analyste d’un jour. Mais voilà qu’on perd la périodicité des 24 heures. Le journaliste est-il devenu un "immédiatiste"»?

Le ministère de l’Intérieur examine en ce moment ces 25 nouvelles demandes pour l’édition des nouveaux journaux et magazines. Dans le même temps, 41 nouvelles demandes ont été rejetées pour «non-conformité aux dispositions légales prévues par le Code de la Presse». Ce même ministère a rappelé que l’édition de ces publications s’inscrivait dans le cadre de l’enrichissement du paysage médiatique selon les principes et valeurs de la Révolution.

Soucieux de façonner parallèlement le nouveau journalisme tunisien et la nouvelle politique démocratique de Tunisie, Ramonet conclut: «De la qualité de l’information dépend la qualité de la démocratie et vice versa.»

Lu sur Tunisie Numérique, Business News, La Presse de Tunisie, Tunivisions