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Les femmes noires plus boulimiques que les blanches?

Voilà qui va peut-être briser plus d’un cliché: les jeunes filles noires seraient plus sujettes à la boulimie que les blanches. C’est ce qui ressort d’une étude américaine réalisée auprès de 2.000 femmes noires et publiée dans la revue Archives of Family Medicine. Cette étude indique que 4,2% des Américaines souffrent de boulimie à un moment de leur vie. Mais l’idée qu’il s'agirait d’une maladie «de blanches» est un mythe.

«Nous avons mené cette recherche afin de démontrer que les troubles alimentaires existent également dans la communauté noire, contrairement à ce qui se dit», explique Denise Wilfley, chercheuse à l’université de Washington à Saint-Louis, et qui a conduit les travaux.

Elle ajoute que les femmes noires sont, en réalité, plus sujettes à la consommation de laxatifs et de diurétiques que la plupart des blanches.

«En effet, c’est un sujet tabou dans notre communauté», affirme Stephanie Armstrong, une Afro-Américaine interviewée par le magazine The Root.

Cette jeune femme avait fait sensation en 2009 en racontant son combat contre la boulimie et les vomissements répétés qui suivaient ses repas dans une biographie intitulée Not All Black Girls Know How to Eat (Les filles noires ne savent pas toutes manger).

«J’ai des amies qui ont été boulimiques comme moi. Mais aucune d’elle n’a vraiment jamais pris la question au sérieux. Elles pensent que la femme noire est naturellement forte et peut tout manger. Elles pensent qu’elles peuvent tout surmonter. Et donc personne ne veut parler de la boulimie.»

Dans la communauté afro-américaine, les jeunes femmes qui souffrent de désordres alimentaires auraient ainsi du mal à aborder ce sujet, car elles considèrent que c’est une maladie de blancs. «Il y a une loi du silence entourant les troubles psychiatriques», ajoute Stephanie Armstrong. A cause de cela, le problème prend plus de temps à être diagnostiqué par les psychologues.

Mais pourquoi donc cette frénésie alimentaire chez les jeunes femmes noires américaines? L’hypothèse de départ était qu'elles étaient réputées pour leurs formes avantageuses et seraient en outre obsédées par le culte de la minceur, ce qui entraînerait des troubles du comportement alimentaire.

Mais d’après cette étude, ce sont plutôt des conditions socioéconomiques précaires qui seraient à l’origine de la prévalence de la boulimie chez les femmes noires, ainsi qu'une plus grande exposition à l'anxiété et à certains types de traumatismes dus à des violences physiques, à la pauvreté et au racisme.

Lu sur The Root