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La douche de trop du président sud-africain
Les meilleures blagues sont-elles les plus courtes? Pour Jacob Zuma, le président d’Afrique du Sud depuis mai 2009, la réponse est oui. Car il est las de se voir représenté avec un pommeau de douche au-dessus du crâne.
Et il est de moins en moins seul à ne plus trouver ça drôle, note le site américain Christian Science Monitor dans un article paru le 22 juillet 2011.
Cette blague est née il y a 5 ans dans la tête du célèbre caricaturiste sud-africain, Jonathan Shapiro, aka Zapiro, de l'hebdomadaire Mail&Gardian de Johannesburg. Elle s'inspire de propos tenus en 2006 lors d'un procès par Jacob Zuma pour sa propre défense. Alors accusé de viol, sans préservatif, d'une jeune femme séropositive, Zuma déclare devant le tribunal qu’il a prévenu toute contamination…en prenant une douche après le coït!
A partir de cette date, Zapiro le caricaturiste ne le lâche plus. Dans ses dessins de 2009, comme ici ou là, Jacob Zuma est représenté avec un pommeau de douche, tandis que la femme est l’allégorie de la justice. Zapiro entend dénoncer par là le «viol» de la justice par le président.
Excédé, Jacob Zuma poursuit Zapiro pour préjudice moral en décembre 2010. Il l’accuse d’«atteinte à la dignité» et lui réclame 2 millions de rand (202.000 euros) de dommages et intérêts.
L'affaire a rebondi: la Commisssion pour la promotion et la protection des droits culturels, religieux et linguistiques des communautés a délivré le 21 juillet 2011 un avertissement à l’encontre de Zapiro lui ordonnant de cesser immédiatement ces caricatures.
«Monsieur Shapiro fait preuve d’une incroyable indifférence envers les sensibilités culturelles de tous les gens qui se battent pour plus de décence. Ces caricatures du président semblent calculées pour toucher psychologiquement un peuple à peine remis d’une période d’oppression éhontée et successive de la part des régimes», écrit la Commission qui fait référence aux électeurs de Jacob Zuma, en majorité noirs.
Joseph Shapiro considère pour sa part que les ordres de la Commission sont contraires à la liberté d’expression, garantie par la Constitution. D’autre part, ces injonctions n’ont pas de pouvoir de sanction depuis que la Commission pour les droits de l’homme a défendu Zapiro en affirmant qu’il livrait «une critique journalistique des politiques libre, ouverte, solide, et sans limite».
Lu sur le Christian Science Monitor