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Lagos, l’atelier de recyclage des berlines américaines
Rouler en Ford, Chevrolet ou Dodge n’est plus un rêve inaccessible pour les Nigérians. Depuis quelques années, la ville de Lagos, au Nigeria, est devenue le refuge des voitures américaines accidentées ou —plus surprenant— endommagées par des inondations. Ici, ces véhicules théoriquement destinés à la casse sont réparés et retrouvent une nouvelle jeunesse pour être revendus, rapporte le quotidien nigérian Next, dans un article du 24 juillet 2011.
Tout commence par une vente aux enchères. Les compagnies d’assurance américaines chargées de dédommager leurs clients pour la perte de leurs berlines, pick-up ou 4X4, cherchent à couvrir leurs pertes en revendant les carcasses malmenées.
Sur le site Insurance Auto Auctions (IAA) qui propose 300.000 véhicules par an, les enchères se font en ligne. Les garagistes de Lagos figurent parmi les dix premiers acheteurs. Car les voitures achetées ne sont pas destinées à être vendues en pièces détachées, mais réparées pour une seconde vie africaine.
Et, «c’est une tendance croissante», estime Dan Oscarson, le vice-président de l’IAA.
Selon un sondage de l’association américaine de recyclage de véhicules, dans les 29 millions d’euros de produits de seconde main exportés en 2010 par les Etats-Unis au Nigeria, la plupart étaient des véhicules, rapporte Next.
La réparation et la revente des voitures américaines est un business lucratif. Outre le prix d’achat aux enchères, les garagistes n’ont à s’acquitter que d’une taxe douanière de 10 à 35% de la valeur de l’épave. Or les voitures, une fois remise en l’état, sont revendues 30 à 40% du prix d’un véhicule d’occasion équivalent.
Les automobiles américaines recyclées ont l’avantage d’avoir moins de kilomètres au compteur. Seulement, les acheteurs sont parfois réticents à conclure la vente quand ils connaissent l’histoire mouvementée du véhicule.
«Il faut leur dire, les convaincre, explique M.Omovbude, un revendeur. L’acheteur peut voir l’extérieur de l’automobile, mais pas l’intérieur, il peut dire s’il aime le véhicule mais pas évaluer le moteur.»
Au Nigeria, contrairement aux Etats-Unis, il n’est pas obligatoire de préciser à l’acheteur que la voiture a été endommagée. Or, certains revendeurs de Lagos osent le dire au journaliste de Next. Ils ne disposent pas des outils (notamment informatiques) adaptés à la réparation des dégâts causés par l’eau.
Le président de l’Association des vendeurs de moteurs, Prince Aladegbemi suspecte d'ailleurs que «Katrina [ouragan qui s’est produit en 2005 à la Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis] soit responsable de beaucoup de pannes sur les routes nigérianes.»
Lu sur Next