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Le rôle du Cameroun dans la libération des sept otages français
Le flou demeure sur les conditions de la libération de la famille Moulin-Fournier.
La famille Moulin-Fournier, trois adultes et quatre enfants de 5 à 12 ans, a été enlevée le 19 février 2013, dans la petite localité de Dabanga, dans l’extrême-nord du Cameroun, à la frontière avec le Nigeria.
La nouvelle de leur libération ce 19 avril, soit deux mois après, est d’abord venu des autorités camerounaises, avant d’être confirmée par le président français, François Hollande, quelques minutes plus tard.
Le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, en donnant la nouvelle, n’a pas précisé les conditions dans lesquelles s’est déroulée la libération des sept Français qui étaient détenus au Nigeria par la secte islamiste Boko Haram.
Tout ce que l’on sait, alors que leur retour est attendu en France aux premières heures du samedi 20 avril, est qu’ils auraient été retrouvés «sains et saufs» dans la localité de Kolofata, à la frontière avec le nord-est du Nigeria.
Le film du dénouement
Tout cela se serait passé dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 avril, comme l’ont conjointement indiqué Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et le communiqué du gouvernement camerounais, diffusé sur les antennes de la radio nationale. La famille Moulin-Fournier a ensuite été conduite à l’ambassade de France au Cameroun.
Seulement la question demeure: quel rôle a joué le Cameroun dans le dénouement de cette prise d’otages? Le porte-parole du gouvernement camerounais joint par SlateAfrique est d’une prudence de Sioux.
Issa Tchiroma Bakary a fait savoir que c’était «le fruit d’une étroite collaboration entre le Nigeria et la France», mais que c’est bien le Cameroun qui avait été aux commandes de l’opération.
«Nous avons utilisé tous les signaux nécessaires pour obtenir leur libération et avons été fortement aidés par les amis et proches de la famille», a ajouté le ministre camerounais, sans donner d’autre précision.
Sur la question d’une éventuelle rançon qui aurait été versée aux ravisseurs, le gouvernement camerounais est sur la même longueur d’ondes que Paris.
Aucun arrangement de quelle que sorte que ce soit n’a été effectué, soutient encore Issa Tchiroma Bakary. Pas même une quelconque libération des membres de la secte nigériane Boko Haram emprisonnés au Cameroun.
Empêcher l'extension de Boko Haram
La secte nigériane n’avait, certes pas fait de demande de rançon, du moins pas officiellement. Mais on se souvient que dans la première vidéo diffusée le 25 février pour revendiquer l’enlèvement, Boko Haram faisait de la libération de ses «frères» une condition sine qua non.
On peut donc difficilement imaginer qu’aucun de leurLe fs desiderata n’ait été satisfait. Ceci d’autant plus que le Cameroun avait tout intérêt à ce que cette histoire se règle rapidement et de la meilleure manière qui soit.
D’abord parce que la prise d’otages qui s’est déroulée sur son territoire a porté un coup dur à l’image de stabilité et de sécurité qu’il a toujours affichée. Mais aussi parce qu’il était important que les autorités camerounaises démontrent qu’elles s’activent à empêcher Boko Haram de faire du Nord-Cameroun, une de ses nouvelles bases arrières, comme cela semble de plus en plus le cas.
A ce sujet justement, Issa Tchiroma Bakary affirme que «le Cameroun a pris toutes les dispositions pour éviter une contagion islamiste et pour lutter contre Boko Haram».
R.M.