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Le président centrafricain, Michel Djotodia, Bangui, 30 mars 2013 / REUTERS
Le président centrafricain, Michel Djotodia, Bangui, 30 mars 2013 / REUTERS

Centrafrique: l'aveu d'impuissance de Michel Djotodia

Dépassé par les événements, le nouvel homme fort de Bangui demande l'aide de la France.

L'une des raisons qui ont poussé les rebelles de la Séléka à prendre le pouvoir à Bangui était l’incapacité de l’ex-président François Bozizé à instaurer un climat de sécurité dans le pays. C’est du moins ce que prétendaient le nouvel homme fort de la Centrafrique, Michel Djotodia, et sa bande de putschistes.

Alors ils ont pris la capitale, à la suite d’une offensive-éclair, en promettant à leurs compatriotes qu’ils verraient ce qu’ils verraient et que l’ordre et la sécurité régneraient désormais. Bref, ils ont promis, un peu la fleur au fusil, que tout irait mieux très vite.

Climat de terreur

Seulement voilà, depuis le coup d’Etat du 24 mars, la Centrafrique est engluée dans une situation sécuritaire et humanitaire des plus catastrophiques. La peur règne sur la ville de Bangui et l’accès aux services de base est problématique. Il n’y a ni eau ni électricité.

Comme l’écrit le site d’information GuineeConakryInfos, les nouveaux chefs de Bangui sont tout bonnement incapables d’assurer la sécurité du pays. Leur nouvelle lubie appeler les pays de la sous-région d’Afrique centrale, et désormais la France, à la rescousse.

Le Premier ministre, Nicolas Tiangaye, et le chef de l’Etat autoproclamé, Michel Djotodia, un peu dépassés par les événements, ont clairement demandé l’aide de Paris. Les tombeurs de Bozizé n’ont plus aucun contrôle sur leurs hommes, qui sèment la terreur dans les quartiers.

Pour GuinéeConakryInfos, «cette doléance est un aveu d’impuissance manifeste des nouveaux maîtres du pays».

La Séléka n'avait pas de programme

Tout ceci conforte la thèse de ceux qui ont toujours considéré, depuis le début de l’offensive des ex-rebelles de le Séléka, en décembre 2012, qu’ils n’avaient aucune vision pour le pays, que l’obsession de renverser François Bozizé et de le bouter hors du pays. Une opération réussie avec un brio qui se justifie, seulement en partie, par la quasi-inexistance d’une véritable armée en Centrafrique. Mais après?

Les ex-rebelles accusent les partisans de l’ancien régime d’actes de sabotage et les tiennent pour responsables de l’insécurité qui règne dans le pays (pillages, viols, exactions de tous ordres).

Le 14 avril dernier, après de vives altercations entre ex-rebelles et la population, Michel Djotodia n’y est pas allé par quatre chemins, sur les antennes de la radio nationale, pour dénoncer des «nostalgiques de l'ère Bozizé, à qui des armes ont été distribuées et qui ont assassiné des hommes de la Séléka».

Avant d’ajouter tout de suite, comme seule explication à ses yeux du chaos dans lequel est plongé le pays:

«C'est un groupe d'individus, les quelques rares qui tiraient profit de cette période, qui sont acquis à Bozizé, qui veulent pousser les Centrafricains à la guerre civile pour qu'ils s'entretuent. Mais les Centrafricains n'en veulent plus et ils ne sont pas prêts de s'entredéchirer

L'enfer, c'est les autres

Cet argument ne convainc pas grand monde. La vraie raison est que la rébellion de la Séléka était déjà viciée dès le départ, car presqu’essentiellement constituée de voyous, pour dire les choses comme elles sont.

Les nouvelles autorités ont carrément échoué à être «une véritable alternative au régime déchu de Bozizé», comme le confirme GuinéeConakryInfos. Leur appel au secours à la France et à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) résonne déjà comme un vrai chant du cygne. Ce d’autant plus qu’aucun écho favorable n’a, pour l’heure, été donné à leur demande. En attendant, comme toujours, c’est le peuple qui trinque.

R.M.

Raoul Mbog

Raoul Mbog est journaliste à Slate Afrique. Il s'intéresse principalement aux thématiques liées aux mutations sociales et culturelles et aux questions d'identité et de genre en Afrique.

 

 

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