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Violence et pauvreté, laquelle entraîne l'autre?

La violence cause-t-elle la pauvreté, ou est-ce plutôt l'inverse?

Dans de nombreux pays en voie de développement la question peut être posée, car violence et pauvreté vont souvent de pair. Le dernier Rapport sur le développement mondial l’atteste et va même plus loin, en affirmant que la violence serait la cause majeure de la pauvreté, et non un simple facteur parmi tant d’autres.

Le site de l’hebdomadaire The Economist a repris le 14 avril 2011 quelques-unes des idées développées dans le rapport:

«La violence […] n’est pas seulement une cause parmi d’autres de la pauvreté: cela en devient la première des causes. Les pays qui sont la cible de violences se retrouvent souvent piégés. Ceux qui ne le sont pas parviennent à sortir de la pauvreté […] La principale contrainte qui pèse sur le développement relève plus du piège de la violence que du piège de la pauvreté. Les pays pacifiques réussissent à échapper à la pauvreté —qui devient concentrée dans les pays déchirés par la guerre civile, les conflits ethniques et la criminalité organisée. La violence et la mauvaise gouvernance les empêchent d’échapper au piège.»

A titre d’exemple, jusque dans les années 90, le Burundi et le Burkina Faso était plus ou moins sur un pied d’égalité en termes de croissance et de développement. La guerre civile qui a éclaté au Burundi en 1993 a mis le pays à genoux, pendant que le Burkina Faso poursuivait sa route. Ce dernier serait à ce jour deux fois et demi plus riche que le Burundi.

Mais la pauvreté peut également être perçue comme une source de violences —sans toutefois en être la seule cause. Les auteurs du rapport ont voulu savoir ce qui poussait les jeunes à rejoindre des gangs ou des groupes rebelles. Ils ont posé la question dans une demi-douzaine de pays différents, et quand la majorité citait le chômage, un dixième seulement affirmait s'être engagés par conviction. Le choix de la violence pour échapper à la pauvreté menace la stabilité d’un pays, et par conséquent son développement et sa prospérité. Un vrai cercle vicieux.

Le journal britannique ajoute néanmoins:

«La légitimité du gouvernement compte également. [...] Les pays qui attestent d'une bonne gouvernance sont moins susceptibles que leurs pairs d’avoir souffert de conflits civils ou d'un taux de criminalité élevé sur la période 2000-2005.»

Lu sur The Economist