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Au Nigeria, la seule église gay-friendly renaît de ses cendres
Ade est un jeune Nigérian de 25 ans. A l’adolescence, il a été exclu de l’église et a dû subir des séances d’exorcisme. Son péché: être homosexuel.
«Le prêtre venait à la maison avec des bougies, de l'eau bénite et des huiles d'onction. Je devais me mettre à genoux, en tenant des cierges dans les mains», se souvient Ade. «Il n'arrêtait pas de crier "Sors! Sors! Sors!" d'une voix fiévreuse... J'ai été autorisé à retourner à l'église après cela, mais je devais faire semblant d'être hétéro.»
Nombreux sont les gays qui ont subi le même sort au Nigeria —quand ils n’ont pas simplement été jetés en prison. L’homosexualité est passible de lapidation dans les douze Etats du Nord qui ont adopté la charia, et peut être punie jusqu'à 14 ans d’emprisonnement dans tout le pays.
Les églises procèdent elles à une véritable chasse aux sorcières. Pour ne pas être démasqués, beaucoup d’homosexuels pourtant très chrétiens restent donc sagement à l’écart des lieux de culte. Tous se battent pour créer des conditions de vie plus favorables et une meilleure intégration dans la société.
Avec quelques amis, Ade s’est lancé dans un projet de réhabilitation de la House Of Rainbow Fellowship (la Maison de l'Arc-en-ciel), une sorte de refuge religieux pour tous ceux dont les églises locales ne veulent pas, parce que pas assez hétéros ou beaucoup trop gays. Cette Maison —la seule expérience d’église pour homosexuels au Nigeria—, victime d’un véritable harcèlement, a été contrainte de fermer en 2008 à la suite de nombreuses attaques dans les journaux.
«Nous voulons tous aller à l’église. Mais nous ne voulons pas mentir à Dieu sur qui nous sommes», explique le révérend Rowland Jide Macaulay, fondateur de la première Maison de l’Arc-en-ciel, depuis en exil volontaire à Londres.
En 2006, lorsqu'il a célébré un office dans un hôtel de Lagos décoré aux couleurs de l’arc-en-ciel, les fidèles ont été battus et menacés de mort. Le jeune Ade a décidé de reprendre le flambeau en 2011. Dapuis la fin du mois de mars, il organise régulièrement des séances de prières et des groupes d’étude de la BIble. L’objectif est de trouver un lieu sûr qui pourrait être la nouvelle Maison de l’Arc-en-ciel.
Le projet, supervisé de Londres par le pasteur Macaulay, pourrait s’étendre au Ghana, au Rwanda et au Zimbabwe. En attendant, et pour ne pas mettre les fidèles en danger, les offices et prières ont lieu dans des endroits tenus secrets et les prêches du révérend Macaulay sont enregistrés depuis Londres et diffusés sur la chaîne YouTube de la Maison.
Lur sur le Guardian