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Ce qu'il faut pour sortir de la pauvreté
Il appartient à chaque pays d’inventer son propre modèle de développement.
Comment aider les pays les plus défavorisés à lutter efficacement contre la pauvreté? Telle est la question à laquelle tente de répondre le tout nouveau rapport européen sur le développement.
Le document, présenté le 9 avril dernier, à Bruxelles, s’intitule: «Après 2015: une action mondiale pour un avenir inclusif et durable». Tout un programme, en réalité. Mais aussi un vrai plaidoyer pour soutenir les efforts des pays pauvres en matière de développement.
Le rapport reconnaît un point essentiel: il appartient d’abord aux pays concernés de donner, eux-mêmes, l’impulsion. Mais il souligne aussi l’impérieuse nécessité d’un environnement mondial favorable à la réalisation de leurs projets. Surtout, ce rapport 2013 définit ce qui devrait constituer les axes majeurs pour un meilleur partenariat mondial.
Au-delà des Objectifs du millénaire
En termes plus clairs, pour éradiquer la pauvreté dans le monde, et donc s’efforcer de réaliser l’essence même des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), il faudra attaquer le problème à la racine. Et pour cela, quatre axes sont proposés, pour aller au-delà de ce que prévoient les OMD.
Il y a, tout d’abord, selon les auteurs du rapport, la nécessité de définir un programme de transformations économiques et sociales qui mette l’accent sur la création d’emplois et sur la lutte contre les inégalités.
Comme l’explique Pedro Martin, co-auteur du rapport c’est ce que font, par exemple, le Rwanda et la Côte d’Ivoire, deux des quatre pays qui ont servi de base de travail:
«Les défis que doivent relever ces pays en matière de lutte contre la pauvreté sont considérablement affectés par les politiques internationales. D’où la nécessité d’un vrai agenda-post 2015 [date-butoir pour les OMD] et de transformations structurelles.»
En ce qui concerne le Rwanda, le rapport indique l’influence bénéfique qu’ont eue les OMD dans l’amélioration des conditions socio-économiques du pays. Et s’agissant de la Côte d’Ivoire, le rapport souligne qu’il est en train de progressivement se relever d’une grave crise sociopolitique.
Deuxième point, et non des moindres, que souligne le rapport: veiller à ce que les objectifs mondiaux s’accordent avec les priorités des politiques des pays concernés.
«Nous avons notamment observé ce qu’a fait l’Union européenne et comment les OMD ont influencé le débat sur la question du développement en Europe», fait savoir Niels Keijzer, également co-auteur du rapport.
En effet, souligne-t-il, il est indéniable que les politiques européennes en matière de gestion des flux migratoires et d’échanges commerciaux ont un impact considérable sur les choix et les priorités définis dans les pays en développement.
Ensuite, le rapport européen 2013 propose que les pays les pays les plus riches accroissent leur soutien dans des domaines-clés (santé, éducation, droits de l’homme, bonne gouvernance), mais surtout qu’ils augmentent leur aide.
Le quatrième axe proposé est une nouvelle manière de «mesurer» le développement. Car, si cette notion peut aussi dépendre d’un certain nombre de spécificités liées à chaque pays.
De quoi ont besoin les pays pauvres?
Maintenant que l’on sait que la dead-line de 2015 fixée pour la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement ne sera jamais respectée, il est impérieux de réfléchir à un agenda pour les prochaines décennies. C’est ce que tente de faire ce document. Seulement qui mieux que les pays le plus durement touchés par la pauvreté peut définir ce dont ils ont réellement besoin?
C’est, peut-être, pour cette raison que le commissaire européen pour le Développement, Andris Piebalgs, a indiqué que ce rapport 2013 est une piste de travail et ne saurait être perçu comme la seule voie possible:
«Le rapport de cette année complète le travail de la Commission. Son message ambitieux contribuera à stimuler le débat sur le programme de développement pour l’après 2015, tant au niveau européen qu’à l’échelle mondiale.»
Raoul Mbog