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Les journalistes namibiens se font tailler un costume
Les journalistes namibiens ont reçu début avril 2011 un communiqué qui commence par une sérieuse mise en garde:
«Tout contrevenant ne sera plus autorisé à entrer au Palais présidentiel ni à couvrir le programme du Président.»
Et de continuer de manière tout aussi impérative:
«Tous les journalistes sont tenus de rendre au Palais présidentiel les honneurs qui lui sont dus. Jeans, baskets, tongs, casquettes ou tenue vestimentaire indécente sont interdits.»
L’information principale tombe enfin:
«Désormais, tout journaliste accrédité pour couvrir les événements au Palais présidentiel devra porter un costume-cravate.»
L’annonce a fait bondir plus d’un journaliste; la profession est indignée par la forme comme par le fond de ce document, envoyé par les conseillers du Président namibien Hifikepunye Pohamba. Un chroniqueur du quotidien The Namibian se demande par exemple tout crûment:
«Quel journaliste namibien peut se targuer d’avoir un costume et une cravate?»
Cette question, aux allures de boutade, exprime en réalité toute la précarité dans laquelle vivent les journalistes en Namibie. Des salaires dérisoires —quand il y en a— mais aussi des conditions de travail déplorables. Leur imposer de s’habiller comme de riches cadres relève tout simplement de l’incongruité, estime le chroniqueur du quotidien, basé à Whindoek, la capitale namibienne. Il se demande par ailleurs qui décide de ce qui est indécent et de ce qui ne l’est pas. Il pense aussi que les journalistes n’ont rien à craindre de cette sortie du président, et qu’il serait plus urgent de réfléchir aux conditions de travail dans le secteur des médias.
Lu sur The Namibian