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Winnie Mandela, l'opéra
Son mari est déjà, de son vivant, entré dans l’histoire, celle des bienfaiteurs de l’humanité. Mais Winnie Madikizela-Mandela, aujourd’hui divorcée, suscite des sentiments aussi forts que controversés. Son destin demeure lié à celui d’un homme exceptionnel, mais aussi d’un pays: l’Afrique du Sud.
«Mère de la nation. Adultère arrogante. Héroïne de la lutte. Criminelle condamnée. Eva Peron noire. Lady Macbeth», pour le journal britannique The Observer, «quelles que soient les défauts qu'on lui reproche, la dame de 74 ans reste adulée par des millions de Sud-Africains et fascine toujours autant à travers le monde».
A présent, Winnie fait l'objet d’un opéra éponyme. La première mondiale est prévue au State Theatre de Pretoria, capitale de l'Afrique du Sud, du 28 avril au 3 mai 2011.
Et ce n'est pas tout, puisqu'Hollywood lui consacre un film qui sortira dans le courant de l'année 2011 avec la star Jennifer Hudson pour camper son personnage, «mais peut-être que c’est la sensibilité exacerbée de l’opéra qui convient le mieux à cette diva politique, une héroïne tragique qui a vécu une existence épique à une époque épique».
Pour le producteur et librettiste de Winnie, The Opera, elle est «le personnage parfait pour un opéra. Les hauts et les bas de sa vie sont trop démesurés pour une histoire dramatique normale. Ce doit être un opéra.» Dans le libretto, la langue italienne cède la place à l'anglais et l'IsiXhosa, alors qu'un orchestre de 60 instruments fusionne les musiques occidentale et africaine traditionnelle. L'opéra s'ouvre avec des accusations portées contre l'héroïne devant la Commission Vérité et Réconciliation, avec les médias internationaux dans le rôle du chœur grec. Winnie raconte comment elle est en arriveée là —mais un personnage n'apparaît pas, Nelson Mandela.
Après une enfance marquée par l’enfer du racisme, Winnie devint la première femme travailleur social du pays. Agée de 18 ans, elle rencontre Nelson Mandela, de dix-huit ans son aîné, marié et père de trois enfants, qui la remarque à un arrêt de bus. Ils ne vivront que deux ans ensemble, avant que Nelson Mandela ne soit jeté en prison pour 27 ans.
Elle a subi, aussi, les brimades, l’humiliation, l'ostracisme, la prison et la torture. Son image de combattante s’est ternie par l’affaire de l’enlèvement d'un adolescent, Stompie Seipei. En 1990, les images de Winnie côte à côte avec Nelson Mandela libéré et triomphant font le tour de la planète. Mais le couple ne tiendra pas et divorce en 1996. Winnie devient Mandikizela-Mandela. Elle reste l'une des députés les plus populaires de l'ANC, le parti du Congrès national africain.
Aujourd'hui est venue l'heure de la «canonisation», pour The Observer. En 2010, la chaîne britannique BBC a diffusé son Mrs Mandela et désormais, c'est l'opéra et le film. L'adaptation de sa vie pour le genre cinématographique se présente comme une longue histoire d'amour.
«Elle est incroyablement belle», souligne le journaliste politique Justice Malala. «Elle est une icône sexy de la libération, une sorte de Che Guevara de rêve.»
Lu sur The Observer, Mail & Guardian
