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Place Tahrir, le 1er février, capture vidéo. REUTERS/Reuters TV
Place Tahrir, le 1er février, capture vidéo. REUTERS/Reuters TV

Les dernières informations sur les manifestations en Egypte

  • Retrouvez le fil des derniers événements, en direct sur Slate.fr
  • Huitième jour de manifestations mardi 1er février en Egypte pour demander le départ du président Hosni Moubarak.
  • L'opposition a appelé à une «marche de 1 million de personnes».
  • L'armée affirme qu'elle n'utilisera pas la force contre les manifestants.
  • Hosni Moubarak a chargé son vice-président d'ouvrir le dialogue avec l'opposition.

- Lundi  31 janvier -

18h30 [Mail & Guardian]

Le prix du baril de pétrole brut vient de dépasser la barre symbolique des 100 dollars (environ 73 euros), son niveau le plus haut depuis octobre 2008. Le cours londonien Brent Oil est ainsi monté à 100,25 dollars. Ce serait la menace d’un blocage du Canal de Suez —par où les pays d’Orient acheminent le pétrole vers l’Ouest— qui aurait causé cette hausse.

Les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) assurent 40% de l’approvisionnement mondial. Le secrétaire général   de l’organisation,  Abdalla Salim El-Badri, a confirmé à Londres la possibilité d’une pénurie  si l’Egypte décidait d’entraver les fournitures. Mais il a précisé que ce lundi tout le marché était «bien approvisionné.»

15h00 [Associated Press, France 24, Twitter]

Hosni Moubarak annonce un nouveau gouvernement à la télévision d’Etat. Le ministre de l’Intérieur, Habib el-Adly, est remplacé par Mahmoud Wagdi. Les manifestants contestaient la répression violente des forces de sécurité dirigées par Habib el-Adly.

Le ministre des Finances est également remplacé. Ahmed Shafiq est nommé Premier ministre. Il est chargé de conduire «rapidement» des réformes politiques, législatives et constitutionnelles. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères ne changent pas. Gaber Asfour est nommé ministre de la Culture, et un nouveau poste de ministre d’Etat pour les Antiquités est créé.

Selon la dépêche, ce nouveau gouvernement semble prendre ses distances avec la politique économique libérale préconisée par Gamal Moubarak, le fils du président. Il écarte également du pouvoir des hommes d’affaires millionnaires accusés d’avoir creusé l’écart entre riches et pauvres.

Mais ces mesures n’ont pas fait cesser les chants des milliers de manifestants rassemblés sur la place Tahrir, au Caire, comme en témoignent ces images de France 24.

«Nous voulons la fin de tout le régime Moubarak», scandaient-ils.

Sur Twitter, les Egyptiens sont dubitatifs, et se demandent pourquoi certains anciens ministres sont encore en poste au sein du nouveau gouvernement. 


- Dimanche 30 janvier -

20h35 [The Guardian, Al Jazeera] La télévision d'Etat annonce l'extension du couvre-feu. L'armée devrait le faire respecter à partir du lundi 31 janvier, 15h00 heure locale, jusqu'à 08h00 le lendemain avec l'aide de la police, probablement de retour selon Al Jazeera. Les Frères Musulmans continuent eux de soutenir une coalition des différents groupes d'opposition au régime de Moubarak en appellant à l'unité derrière Mohamed El Baradei.

20h20 [La Repubblica, Reuters] Conséquence du chaos qui règne dans les rues du Caire, Fabio Scuto, l'envoyé spécial du quotidien italien, rapporte que l'armée a été obligée de protéger le musée national des pilleurs, près de la place Tahrir. Alors qu'une quarantaine de personnes a été arrêtée pour vandalisme, la foule aurait tenté de bloquer l'entrée de l'édifice pour empêcher les vols. Deux momies ont néanmoins été détruites avant l'arivée des blindés.

A quelques kilomètres du Caire, la prison d'Abu Zaabal a été attaquée par des manifestants samedi 29 janvier. Plusieurs opposants ont ainsi été libérés. Certains militants du Hamas sont notamment parvenus à regagner la bande de Gaza, avant que l'Egypte ne décide dimanche de fermer sa frontière.

18h34 [CNN] Mohamed El Baradei, un des principaux opposants au régime, demande à Moubarak de «partir aujourd'hui et de sauver le pays»:

«Je pense qu'il s'agit d'une tentative désespérée de rester au pouvoir pour Moubarak. Je crois qu'il est très clair pour tout le monde en Egypte que Moubarak doit partir aujourd'hui, et cela est non-négociable pour tous les Egyptiens. L'Egypte doit rattraper le reste du monde. Nous avons besoin d'être libres, démocratiques et d'une société où les gens ont le droit de vivre en paix et dignement.»

El Baradei a également déclaré que si le peuple le veut, il servira son pays.

18h14 [Politico, Associated Press] Les Etats-Unis prennent de plus en plus de distance avec Moubarak. Les propos du vice-président Joe Biden du vendredi 28 janvier, où il qualifiait Moubarak d'allié qui stabilisait la région semblent bien loin. Selon Politico, «de nombreux observateurs estiment désormais que l'administration se prépare à la fiin de l'ère Moubarak.» Nouvelle preuve de la distance entre la Maison blanche et Moubarak, la dernière déclaration d'Hillary Clinton, qui a déclaré:

«Nous voulons voir des élections libres et justes et nous pensons que cela sera une des conséquences de ce qui se passe. L'Egypte a besoin d'une transition ordonnée et pacifique vers une vraie démocratie, et non pas un semblant de démocratie, comme ce que nous avons vu en Iran il y a deux ans.»

[New York Times] Un bon résumé des évènements du weekend sur le site du quotidien newyorkais.

[Guardian, Al Jazeera] L'envoyé spécial du journal britannique, Jack Shenker, raconte comment les groupes d'autodéfense se sont organisés dans la nuit de samedi à dimanche un peu partout dans le pays. Voir aussi le reportage d'Al Jazeera à Nasr City, au Caire.

17h44 [Reuters] L'opposant Mohamed El Baradei a rejoint les manifestants sur la place Tahrir, au Caire, qui est le centre névralgique des manifestations.

15h47 [Guardian] Heba Fatma Morayef, de l'ONG Human Right Watch, rapporte en direct du Caire:

«Au moins 20.000 manifestants se trouvent sur la place Tahrir en ce moment. Elle est complètement remplie. Deux chasseurs volent au-dessus de la ville depuis 10 minutes, la foule acclame leurs passages.

Elle chante: 'nous ne partirons pas tant qu'il ne sera pas parti' ou 'longue vie au croissant et à la croix'. Il y a des juges, des journalistes indépendants, les Frères musulmans, l'Association nationale pour le changement, le Mouvement du 6 avril. Tous se tiennent côte à côte.»

15h26 [Reuters Afrique, Twitter] Des Egyptiens armés de pistolets, de bâtons et de rasoirs ont formé des groupes d'autodéfense pour protéger leurs biens mais également les magasins et les banques des pillages un peu partour en Egypte, alors que la police a complètement disparu des rues. Des violences ont eu lieu dans les supermarchés.  Sur son compte Twitter, dimanche à 15h12, Ben Wedeman, journaliste de CNN basé au Caire indique:

«Ma patrouille de quartier a mis des barres, des blocs de béton à travers la route. Toutes les voitures se sont arrêtées, les identités vérifiées. Occasionnels coups de feu.»

15h15 [Al-Jazeera-Live Stream] Officiellement, Le Caire est désormais sous couvre-feu (de 16h locales à 8h), mais, selon les images diffusées par Al-Jazeera, des milliers de personnes sont rassemblées sur la place Tahrir, réclamant la démission de Moubarak. Des jets militaires auraient survolé la place, ainsi que des hélicoptères militaires, comme ont pu le filmer les caméras d'Al-Jazeera. On entend nettement les avions de chasse dans cette interview sonore de l'envoyée spéciale de Libération au Caire, Elodie Auffray.

15h06 [New York Times] Au Forum économique mondial de Davos, les évènements égyptiens ont à peine été mentionnés dans le programme officiel, mais les élites du monde arabe se sont tenus au courant avec leurs iPhone et leurs BlackBerry.

14h57 [Reuters] Plus de 100 personnes sont mortes depuis le début des manifestations, selon l'agence Reuters qui a recoupé des sources médiacles et de nombreux témoignages.

[BBC] Que se passera-t-il si les égyptiens parviennent à renverser Moubarak? La BBC propose une analyse des différents scénarios politiques, de l'option militaire à celle des Frères musulmans en passant par le prix Nobel Mohamaed El Baradei.

13h05 [France Info] Où sont passés les policiers?

Jean-Félix Paganon, ambassadeur de France au Caire, interrogé par France Info remarque:

«L'un des phénomènes étranges de la situation que nous vivons est la disparition totale des forces de police des rues du Caire. C'est-à-dire qu'il n'y a plus aucun policier en uniforme dans les rues du Caire depuis maintenant 24 heures. (...) Certains nombres de commissariats ont été attaqués, ont été brûlés... Les policiers ne se sont pas volatilisés je suppose. Ils sont dans leurs casernes, mais en tout cas ils ne sont pas dans les rues du Caire.»

13h [France Info, AFP via Le Figaro, Euronews] Evacuation des étrangers ou pas?

Interrogé par France Info, l'ambassadeur de France en Egypte explique que la recommandation française n'est pas de quitter le Caire, mais «une recommandation de grande vigilance, de rester chez soi dans la mesure du possible (...) mais pour l'instant nous n'envisageons pas de recommander de quitter Le Caire. Ceci posé, ceux de nos compatriotes qui se sentent trop menacés (...) peuvent évidemment quitter Le Caire. (...)»

Les Etats-Unis ont annoncé qu'ils mettaient en place des vols à partir de demain lundi. «L'ambassade des Etats-Unis au Caire informe les citoyens américains en Egypte qui souhaitent partir que le Département d'Etat prend ses dispositions pour assurer le transport vers des lieux sûrs en Europe.» L'ambassadeur français souligne que le dispositif mis en place par les Etats-Unis est différent de ceux mis en place habituellement par la France, c'est-à-dire que c'est un départ volontaire, sans logique d'évacuation: les ressortissants américains paient leurs billets de retour.

La Turquie de son côté a annoncé qu’elle dépêchait, un avion au Caire et deux à Alexandrie.

[El Pais] Qui fait la révolution?
La journaliste d'El Pais au Caire a interrogé quelques Egyptiens qui manifestent. Quelques témoignages qui vont dans le sens d'une «révolution» impliquant toutes les classes sociales et tous les âges. Il y a par exemple Yehi, 56 ans, qui travaille dans un gymnase, qui en a juste marre («Basta, basta y basta»). «Le pouvoir nous a oubliés, le niveau d'éducation e nos enfants est faible, et nous vivons sans l'espoir que cela puisse aller mieux.» Ramy, 24 ans, qui milite pour les droits des femmes, fait remarquer: «Je suis né en 1987 et je n'ai pas connu d'autre président [que Moubarak].» Maha, elle, est pharmacienne. «Avec 80 euros par mois, je ne peux pas avoir une vie digne.» «Le pire, c'est que nous ne pouvons pas décider, ajoute-t-elle. Pendant les élections, nous n'avions pas le droit de voter, ils ont arrêté nos candidats.» Enfin, Moussa, 42 ans, un chrétien de la classe moyenne, éduqué (il parle six langues et serait titulaire de deux masters) qui arbore des drapeaux américain, égyptien et français. «Nous voulons la même chose qu'en France: liberté, égalité, fraternité.» Dans son discours ressort également le manque de pouvoir d'achat: «Je gagne 220 euros par mois. Ma mère a une retraite de 65 euros et son traitement médical en coûte 1.000. La famille de Moubarak est riche en millions de dollars. Nous ne demandons rien. Seulement qu'on nous laisse vivre.»

11h00 - [Al-Jazeera] Al-Jazeera interdite

Ce dimanche matin, le ministre de l'Information Anas el-Fekki a ordonné l'interdiction de la chaîne qatari. La license d'émetttre et les accréditation des équipes ont été annulées. «Al Jazeera considère cela comme un acte destiné à étouffer et réprimer la liberté de l'information de la chaîne et de ses journalistes», indique la chaîne dans un communiqué.

Dans la nuit, les habitants du Caire se sont organisés en milice pour «protéger leurs maisons», «parce que s'ils ne le font pas, personne ne le fera», explique le commentaire du reportage d'al-Jazeera:

- Samedi 29 janvier -

23h06 - @DannyRamadan: selon ce journaliste syrien présent au Caire, le coufre-feu est en place et les rues de la capitale égyptienne sont vides.

20h50 - Dans un entretien téléphonique avec des journalistes d'Al-Jazeera, l'opposant Mohammed el-Baredei, en résidence surveillée depuis vendredi,  demande à Moubarak de démissionner et qu'un gouvernement de transition organise des élections libres:


20h40 [ELYSEE.fr] Déclaration conjointe de Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron:

 «Nous sommes vivement préoccupés par les événements que nous observons en Egypte. Nous reconnaissons le rôle modérateur que le Président Moubarak a joué depuis de nombreuses années au Moyen Orient. Nous lui demandons désormais de faire preuve de la même modération pour traiter la situation actuelle en Egypte.

Nous appelons le Président Moubarak à éviter à tout prix l'usage de la violence contre des civils sans armes et appelons les manifestants à exercer leur droit pacifiquement.

Il est essentiel que les réformes politiques, économiques et sociales à venir que le Président Moubarak a promises soient mises en œuvre pleinement et rapidement et qu'elles répondent aux aspirations du peuple égyptien.

Les droits de l'homme et les libertés démocratiques doivent être pleinement respectés, y compris la liberté d'expression et de communication, notamment l'usage du téléphone et de l'Internet, ainsi que le droit de réunion et de manifestation pacifiques.

Le peuple égyptien a des revendications légitimes et aspire à un avenir meilleur et plus juste. Nous appelons le Président Moubarak à engager un processus de changement qui se traduise à travers un gouvernement à représentation élargie et des élections libres et justes.»

17h58 [BBC] Des sources ont confié à la BBC que les deux fils de Moubarak, Alaa et Gamal, sont arrivés à Londres. La télévision égyptienne d'Etat dément cette information.

17h43 [Reuters] Moubarak a de nouveau choisi un militaire pour un poste clé: l'ancien commandant de l'armée de l'air Ahmed Shafiq est nommé Premier ministre du pays. Les trois postes les plus importants du pays sont désormais occupés par des hommes au passé militaire, le vice-président Suleiman et Moubarak, qui était aussi dans l'armée de l'air.

17h10 [Reuters] Au moins cinq manifestants on été blessés par la police alors qu'ils essayaient de prendre d'assaut le ministère de l'Intérieur au Caire, selon des sources officielles. Al Jazeera parle de trois morts, une information non-confirmée.

[Slate Afrique] Akram Belkaïd écrivait vendredi 28 janvier dans un article sur les possibles successeurs de Moubarak:

«Déjà, à l’automne dernier, des affiches avaient été collées dans les rues du Caire —elles ont été vite retirées—, pour exiger que le général Omar Suleiman, le puissant chef des services secrets, soit le prochain président égyptien. A l’époque, les Egyptiens ont interprété cet affichage comme une mise en garde adressée par l’armée à Moubarak. «Le signal était clair. Il disait "nous ne voulons pas de ton fils Gamal comme futur président"», décrypte Ali Salem. [...]

Omar Suleiman peut-il donc succéder à Moubarak? C’est une possibilité à ne pas négliger, même s’il n’est pas sûr que cela calme la rue. Homme d’influence —c’est l’un des acteurs incontournables de la scène agitée du Proche-Orient—, le général devrait alors occuper une place exposée et apparaître au grand jour, ce qu’il rechigne à faire en temps ordinaire. Quoiqu’il en soit, si d’aventure l’actuel raïs devait-être déposé, le nom de son successeur sera choisi par les militaires —et personne d’autre.»

16h49 [Reuters] L'agence Reuters propose un tour d'horizon des réactions officielles internationales aux manifestations égyptiennes, de Barack obama au ministre des Affaires étrangères britannique William Hague en passant par l'Iran et la Norvège.

16h42 [Guardian] Moubarak a nommé son chef du renseignement Omar Suleiman vice-président, rapporte l'agence de presse officielle égyptienne. L'Egypte n'avait pas eu de vice-président depuis l'arrivée au pouvoir de Moubarak en 1981. C'était lui-même qui occupait ce poste avant d'être président.

16h17 [Facebook] Vous voulez manifester contre Moubarak? Un groupe répertoriant toutes les manifestations organisées devant les ambassades égyptiennes à travers le monde a été crée.

15h30 [BBC] Pourquoi le sort de l'Egypte est important. Le spécialiste du Moyen-Orient Roger Hardy explique pourquoi les implications d'une révolution en Egypte non seulement pour le monde arabe, mais également pour le monde occidental, seraient immenses. Selon lui, la chute du régime de Moubarak serait un avertissement autrement plus retentissant pour tous les autocrates arabes. Elle porterait également un terrible coup au processus de paix au Moyen-Orient, et pourrait faire exploser le prix du pétrole et secouer l'économie mondiale. Enfin, elle «offrirait un dilemme douloureux pour les leaders occidentaux qui encouragent une réforme politique progressive dans la région par peur d'une trop forte instabilité et de la montée de l'extrêmisme.»

13h42 [AFP via Le Figaro] «Les manifestations des Égyptiens sont un mouvement en quête de justice», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Ramin Mehmanparast, cité par l'agence officielle Irna. L'Iran et l'Egypte n'entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1980 (révolution islamique en Iran et reconnaissance d'Israël par l'Egypte). Alors que des manifestations extrêmement réprimées ont eu lieu lors de la réélection controversée de Mahmoud Ahmadinejad, le porte-parole iranien a également exhorté l'Egypte à «éviter toute répression violente de la part des forces de sécurité et de police contre la vague d'éveil islamique qui a pris la forme d'un mouvement populaire dans le pays».

De son côté, le roi Abdallah d'Arabie saoudite s'est entretenu au téléphone avec Moubarak pour lui exprimer sa solidarité et dénoncer «les atteintes à la sécurité et la stabilité» de l'Egypte. C'est le premier dirigeant arabe a prendre aussi ouvertement position pour le président égyptien.

13h30 [AFP via Le Monde, Le Parisien, Reuters via Les Echos] La France silencieuse. Le Quai d'Orsay s'est exprimé lors de l'arrestation éphémère de quatre journalistes vendredi, puis pour déconseiller aux voyageurs de se rendre en Egypte.
Pour le moment, Nicolas Sarkozy, attendu au sommet de l'Union africaine, n'a pas pris la parole.

13h05 [El Watan] La démission du gouvernement ne calme pas les manifestants. Malgré l'allocution de Moubarak et la démission du gouvernement, «des manifestations tournant par endroits à l'émeute ont repris samedi en Egypte pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak», relève El Watan. «Loin de se satisfaire de cette démission, des milliers de manifestants sont à nouveau descendus dans la rue au Caire et dans plusieurs autres villes du pays, affrontant parfois violemment les forces de l'ordre», raconte le site algérien. Des milliers de manifestants se seraient retrouvés samedi matin sur la place Tahrir, «aux cris de "Moubarak va-t-en" ou "Celui qui aime l'Egypte ne détruit pas l'Egypte"». Pourtant, l'armée a enjoint le «grand peuple d'Egypte» à «respecter le couvre-feu».

Le quotidien algérien revient également sur la situation découverte pas les Cairotes à leur réveil ce matin: le magasin Carrefour, à la périphérie du Caire, a été pillé dans la nuit. «Des habitants déblayaient également les rues après une nuit marquée notamment par des pillages et des incendies provoqués par les manifestants au siège du Parti national démocrate (PND) au pouvoir et à de nombreux commissariats de police notamment.»

12h35 [Associated Press] La Chine a bloqué le mot «Egypte» dans la recherce du site de microblogging Sina, un équivalent de Twitter, qui compte 50 millions d'utilisateurs dans le pays. Le parti communiste est très sensible à toute source potentielle d'agitation sociale.

[Haaretz] Israël observe, mais ne commentera pas. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères ont annoncé vendredi qu'ils suivent de très près «la situation volatile» dans l'Egypte voisine, mais en s'abstenant de prendre une position politique. Le cabinet du Premier ministre a émis des directives strictes à tous les ministres et représentants du gouvernement leur enjoignant de ne pas commenter la situation actuelle en Egypte. Comme le dit un officiel, sous couvert d'anonymat à Haaretz, il s'agit de faire «profil bas».

10h30 [Al Jazeera] Une centaine de personnes sont rassemblées devant la morgue de Suez, où, selon eux, se trouveraient les cadavres de 12 manifestants tués vendredi.

- Vendredi 29 janvier -

01h05 [New York Times] Barack Obama s'est exprimé sur la situation égyptienne de la Maison Blanche. Il a appelé «les autorités égyptiennes à s'abstenir de toute violence contre des manifestants pacifiques. Le peuple égyptien a des droits qui sont universels. Cela comprend la liberté d'assemblée pacifique et d'association, la liberté de parole et la possibilité de choisir son propre destin, ce sont des droits humains.» Il a également appelé au rétablissement de l'Internet dans le pays. Obama, qui a parlé à Moubarak après le discours télévisé de ce dernier, a confirmé que son gouvernement est un allié de l'Egypte, mais égaement que le pays a besoin de réforme.

00h58 [BBC] Selon des sources médicales, au moins 18 personnes sont mortes dans les violences de vendredi.

00h55 [Wall Street Journal] Le gouvernement américain menace de couper son aide annuelle de 1,5 milliard de dollars à l'Egypte si les forces de sécurité continuent à réprimer les manifestations avec violence.

00h46 [CNN] Le rédacteur en chef de Foreign Policy, magazine sur les relations internationales du groupe Slate, signe une tribune intitulée «Les Etats-Unis doivent choisir leur camp en Egypte». Il y écrit:

«Il est temps pour les Etats-Unis de choisir: le pays veut-il vraiment soutenir les aspirations démocratiques du monde arabe ou veut-il implicitement se ranger du côté des autocrates qu'il soutien depuis des décennies?»

23h55 [BBC, Al Jazeera] Moubarak s'est dit «déterminé à poursuivre les réformes démocratiques et économiques», et a défendu le rôle des forces de police pour réprimer les manifesants:

«Ce qui s’est passé au cours des derniers jours a mis la peur dans le cœur de tout le monde […]. Je prends la responsabilité de la sécurité de ce pays et de nos citoyens, et je ne laisserai pas faire. Je ne laisserai pas la peur vivre dans le cœur des citoyens.»

Pour John Leyne, correspondant de la BBC, les mots de Moubarak vont sans doute provoquer de nouvelles manifestations. PourAyman Mohyeldin de Al Jazeera, la démission du gouvernement ne satisfera pas les manifestants:

«Au bout du compte, le président a le pouvoir en Egypte. Sur le papier, il y a un parlement indépendant et une justice indépendante, mais tous les Egyptiens vous diront qu'au final, le pouvoir est aux mains du président.»

23h25 [DIRECT] Hosni Moubarak, le chef de l'Etat égyptien, a prononcé un discours en direct à la télévision. C'est la première fois qu'il s'exprime depuis le début des manifestations il y a quatre jours. Il a annoncé la démission du gouvernement, et la formation d'un nouveau cabinet. Il ne cédera pas au chaos et menace les manifestants. «La frontière entre la la liberté et le chaos est ténue», a-t-il dit.

20h05 [Quai d'Orsay] Dans une note destinée aux voyageurs, le Ministère des Affaires Etrangères prévient les ressortissants français concernés:

«Des manifestations d’une ampleur exceptionnelle se déroulent actuellement en Égypte, en particulier au Caire. Il est recommandé de limiter ses déplacements à ceux qui sont strictement nécessaires et à se tenir éloigné des attroupements. Un couvre-feu est en vigueur de 18h00 à 7h00 sur l’ensemble du territoire.»

20h00 [Le Parisien]  Le siège du parti d'Hosni Moubarak, le NDP, a été saccagé par les manifestants qui ont ensuite mis le feu à l'établissement. Actuellement, l'incendie reste préoccupant et on craint une propogation des flammes jusqu'au Musée national du Caire où sont conservés plusieurs milliers d'objets et une partie du patrimoine archéologique égyptien.

19h45 [CNN] Alors que Nil TV, la télévision officielle cite le président Hosni Moubarak et corrobore la précédente annonce d'un couvre-feu étendu, d'autres médias, comme Al Jazeera, décident de montrer les carcasses de plusieurs véhicules de police brûlées par les Cairotes, dans les rues de la capitale.

19h30 [Reuters] Selon les dernières estimations, environ 410 manifestants ont été blessés durant les affrontements. De sources médicales, Reuters rapporte que certains des patients ont été hospitalisés dans des conditions sérieuses.

19h15 [New York Times] Le New York Times relaie les vidéos qu'un professeur d'université canadienne a pu filmer de son appartement. Elles rendent compte des violents affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants pour le contrôle du pont Qasr al-Nil qui mène à la place Tahrir, symbolique lieu de rassemblement depuis les premières protestations lundi 24 janvier.

19h00 [BBC] Alors que la télévision d'Etat rapporte une extension du couvre-feu à la totalité du pays —effectif auparavant uniquement dans les grandes villes— la BBC interroge son corespondant sur place, Assad Sawey, arrêté brutalement par la police un peu plus tôt dans la journée.

18h50 [Guardian] Le site du Guardian rapporte aussi qu'Hillary Clinton continue de désigner l'Egypte comme un «partenaire important de la région» tout en suggérant que Moubarak et son gouvernement tentent d'engager «un dialogue avec le peuple égyptien au sujet de reformes économiques et sociales».

 18h45 [CNN] Hillary Clinton est intervenue sur la chaîne américaine pour apporter des précisions concernant la position du gouvernement Obama sur le sujet. La secrétaire d'Etat a notamment déclaré:

«Les États-Unis sont concernés par la violence employée par la police égyptienne et s'inquiètent pour la sécurité des manifestants. Nous appelons le gouvernement égyptien à prévenir les forces de sécurité. Quant aux manifestants, ils doivent s'exprimer de la manière la plus pacifique possible.»

18h10 [Twitter] Le service de presse de l'administration Obama vient de poster le message suivant sur son compte Twitter:

«Très inquiet de la situation en Egypte - le gouvernement doit respecter les droits du peuple égyptien. et rebrancher les réseaux sociaux et l'Internet.»

Un message qui contraste avec le dernière déclaration de Joe Biden (voir plus bas).

[Werebuild] Un site Internet [ici] recense tous les sites où les Egyptiens peuvent communiquer, et des logiciels pour contourner le blocage des communications imposé par le gouvernement égyptien. Il propose également un chat où les égyptiens peuvent communiquer entre eux.

[Wikileaks/Guardian] Le Guardian publie des câbles diplomatiques inédits sur l'Egypte et ses relations avec les Etats-Unis. On y apprend que la diplomatie américaine considère la violence policière comme «routinière et omniprésente» en Egypte, à tel point que le gouvernement n'essaie même plus de la dissimuler.

17h47 [Al Jazeera] Les affrontements de Suez sont aussi violents qu'au Caire, voire plus, rappelle Al Jazeera, comme en témoigne la vidéo ci-dessous.

17h41 [Ansa] Selon l'agence de presse italienne Ansa, le couvre-feu doit durer jusqu'à 7h du matin, et 4 chars de l'armée ont été placés autour l'immeuble de la télévision d'Etat egyptienne.

17h24 Selon le journal d'opposition égyptien Al Masry Al Youm, le bilan de la journée s'élève à 10 morts.

17h16 [CNN] Hosni Moubarak, qui a été silencieux depuis le début de la crise lundi 24 janvier, devrait s'exprimer «bientôt» selon CNN.

17h03 [CSM, Guardian] Le vice-président américain Joe Biden a estimé dans une interview à la chaîne PBS que Hosni Moubarak n'était pas un dictateur:

«Moubarak est notre allié dans plusieurs domaines. Et il a été très responsable au sujet des efforts de paix au Moyen-Orient étant donné les intérêts géopolitiques dans la région [...] Je ne le qualifierais pas de dictateur»

Il a également tenu des propos ambigus sur les revendications des manifestants, qui ne seraient pas selon lui toutes «légitimes». Le Guardian a publié dans la journée de nouveaux câbles diplomatiques obtenus par Wikileaks concernant les liens étroits qu'entretiennent les Etats-Unis et l'Egypte.

16h50 [CNN, Le Figaro] Moubarak envoie l'armée dans les rues du Caire. Selon Le Figaro, «le président égyptien Hosni Moubarak a demandé à l'armée de faire respecter la sécurité avec la police et appliquer le couvre-feu décrété au Caire, à Alexandrie et Suez, a annoncé la télévision d'Etat.»

16h40 [Al Jazeera] A Alexandrie, les manifestants, qui sont souvent plus nombreux que les policiers, ont «arrêté» et battu des policiers avec leurs propres armes et mis le feu à des véhicules de sécurité.

16h35 [Guardian] Les médias d'Etat égyptiens annoncent un couvre-feu à 18h heure locale (dans 30 minutes) dans les villes du Caire, de Suez et d'Alexandrie. Selon le Guardian, «vu la tournure des évènements dans les rues, il y a peu de chances pour que le peuple respecte cet ordre.»

[BBC] L'effet domino dans au Moyen-Orient et au Maghreb après la chute de Ben Ali? La BBC fait un tour d'horizon des pays qui pourraient être affectés par un effet domino similaire à la chute des gouvernements communistes d'Europe de l'est en 1989. L'Egypte bien sûr, mais également le Yemen, la Libye, la Jordanie, le Maroc et l'Algérie, le site analyse la probabilité de changement brutal dans ces pays.

16h24 [Twitter, Al Jazeera] Le journaliste d'Al Jazeera Adam Makary écrit sur son compte Twitter que selon les correspondants de la chaîne à Alexandrie, des manifestants et des policiers anti-émeutes semblent sympathiser dans une des manifestations.

[El Pais, Haaretz] Le silence d’Israël. Le gouvernement israélien garde un «silence inquiétant», selon Enric González, journaliste d’El Pais à Jérusalem. En 2009, lors des manifestations en Iran qui avaient suivies l’élection contestée de Mahmoud Ahmadinejad, Benjamin Netanyahu avait affirmé son soutien aux manifestants. Là, silence. Le quotidien espagnol rappelle que le régime de Moubarak est un allié clé dans le monde arabe. «La survie du gouvernement de Hosni Moubarak est essentielle à la sécurité israélienne», affirme le journaliste.

Dans Haaretz, Zvi Bar’el, spécialiste du Moyen-Orient du quotidien israélien, souligne qu’une «nouvelle révolution peut changer le monde arabe». «Après des années de tensions croissantes dans le monde arabe, la révolution de la Tunisie pourrait aider à provoquer une vie meilleure au Liban et en Egypte», continue l’analyste. Si celui-ci ne croit pas à une chute de Moubarak, il pense que les protestations peuvent influencer la prochaine campagne électorale (des élections sont prévues en septembre).

16h08 [Associated Press] Le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei, qui est rentré en Egypte jeudi 27 janvier au soir après avoir passé une grande partie de sa vie en exil, a été assigné à résidence par les autorités. La police entoure sa maison et lui interdit d'en sortir pour aller rejoindre les manifestants. Plus tôt dans la journée, El Baradei avait été retenu dans une mosquée avec ses partisans, dont certains se sont fait battre par la police. Pour en savoir plus sur cet opposant au régime de Moubarak, voir son portrait sur le site de CNN.

[AFP via Libération] La coupure d'Internet, un record mondial. La coupure du réseau serait une première mondiale, relève l'AFP. «Selon nos informations, environ 88% du réseau n’est plus disponible en Egypte, c’est une première dans l’histoire d’internet», a déclaré à l’AFP Rik Ferguson, expert sécurité pour Trend Micro, troisième éditeur mondial de solutions de sécurité.

[The Atlantic] Le site américain publiait jeudi 27 janvier le «mode d'emploi d'une manifestation intelligente» qui circulait en préparation des manifestations de vendredi. On y trouve des conseils sur comment et où se regrouper, les slogans à scander et l'attirail du bon manifestant. Des conseils qui ont été plus ou moins appliqués, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous.

[Guardian] Un article expliquant pourquoi les manifestations égyptiennes ne sont pas un phénomène né d'Internet. Le journaliste Jack Shenker écrit depuis le Caire que si les jeunes manifestants ont beaucoup utilisé Internet jusqu'à ce que l'accès soit coupé, il ne s'agit pas d'une «révolution Facebook» ou d'une «révolution Twitter».

[Al Jazeera] Suivez la très bonne couverture des évènements de la chaîne d'information arabe en images ici.

[BBC] Tour d'horizon des opposants égyptiens et de leurs revendications.

15h22 [Associated Press] AP a posté une vidéo sur YouTube montrant un manifestant se faisant tuer d'une balle dans la tête. Le Daily Mail raconte la scène. Il ne s'agit manifestement pas d'une balle perdue.

 

15h12 [Le Figaro] Les quatre journalistes français qui avaient été arrêtés dans la matinée au Caire ont été relâchés. Il s'agit de journalistes travaillant pour Le Journal du Dimanche, Le Figaro, l'agence photo Sipa et l'hebdomadaire Paris-Match.

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