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Le savoir-faire du CSA au service des médias tunisiens
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) va mettre son expérience à disposition des Tunisiens pour l’organisation audiovisuelle de la prochaine élection présidentielle. Au centre d’un débat organisé ce jeudi 14 avril 2011 au siège de l’Instance nationale indépendante pour le secteur de l’information et de la communication, le Conseil a prévu de soutenir l’élan réformateur de la presse tunisienne qui demande «des règles exceptionnelles» adaptées à la Tunisie, a souligné Rachid Arhab, membre du Conseil.
D’origine kabyle, Rachid Arhab (ancien présentateur sur la chaîne publique France 2), la première personnalité nord-africaine à siéger dans l’institution, précise «qu’il s’agit de faire en deux semaines ce que les Français ont mis des siècles à réaliser». Le Conseil est compétent sur des domaines précis tels que l’atteinte à la dignité humaine, la protection de l’enfance, et surtout sur le temps de parole politique.
Sur la question du pluralisme politique et de la régulation des médias en période électorale, le CSA compte venir en aide aux médias tunisiens sur le respect des règles de déontologie et la régulation de la couverture médiatique. Ces différents aspects journalistiques évoqués par Rachid Arhab ont pour objectif «de garantir et de promouvoir la liberté de communication et de veiller au caractère pluraliste des courants de pensée et d’opinion», explique Gil Moureaux, chargé de mission au CSA.
Au programme, la mise en place d’un décompte du temps de parole des personnalités politiques, puisque sur le territoire français, en période électorale, le CSA intervient au niveau de l’accès des candidats à l’antenne. La mission des Français en Tunisie aura pour but d'assurer une triple mission: organiser la campagne audiovisuelle officielle sur les chaînes publiques, veiller au respect des règles relatives au traitement de l’actualité électorale, et enfin fixer les conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions relatives aux campagnes électorales. En conséquence, un relevé mensuel sera communiqué aux présidents des deux assemblées et aux responsables des partis politiques représentés au Parlement.
«La complexité de la scène politique en Tunisie rend nécessaire de mettre en place des mécanismes et des instruments à même de permettre la régulation des médias. L’autorégulation peut répondre à certains aspects», a indiqué l’un des membres de l’Instance nationale indépendante pour le secteur de l’information et de la communication, Ridha Kefi.
Une session de formation de journalistes et d’animateurs de l’Etablissement de la radio tunisienne (ERT) avait eu lieu dans ce même sens. Cette session, qui se poursuit jusqu’au 24 mai 2011, est organisée en collaboration avec Radio France internationale (RFI) et Radio Monte-Carlo (RMC). A cette occasion, Yadh Ben Achour, le président de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution avait confirmé «l’importance du rôle pédagogique des médias dans la rationalisation de l’opinion publique, particulièrement avec l’émergence de certaines méthodes démagogiques pratiquées par les partis politiques dans cette étape transitoire». Le président du syndicat des journalistes tunisiens (SNTJ), Néji Bghouri, avait également milité pour un développement des programmes de formation afin de répondre à l'urgence de la situation tunisienne.
En dehors de son implication dans l’organisation médiatique des prochaines élections tunisiennes, le CSA, s’était rendu en 2010 en Corée du Sud (PDF) pour réguler la masse audiovisuelle du pays, ou en Algérie pour sonder les spécialistes algériens sur la diffusion du film Hors la loi de Rachid Bouchareb, dont la programmation sur les chaînes publiques avait fait l’objet d’importantes polémiques. Le Conseil audiovisuel français compte aujourd'hui accompagner la Tunisie dans son effort de reconstruction médiatique, tout en assurant son rôle de référent audiovisuel international.
Lu sur Agence Tunis Afrique Presse