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Rien de surprenant finalement, car le thème de la guerre est récurrent dans le rap francophone. Outre Keny Arkana ou Medine, prompts à aborder régulièrement cette question dans leurs chansons, on se souvient du succès du titre La fin de leur monde du groupe marseillais IAM en 2006. Un morceau de 10 minutes dont le clip, compilant des images chocs de différents conflits contemporains, avait été interdit de diffusion télévisuelle.
L'enthousiasme suscité par ce titre à l'époque sur internet avait déjà fait couler beaucoup d'encre. Ecoutez plutôt.
La guerre au Mali, donc, terrain de jeux pour les punchliners francophones. L'excellente émission Piège de freestyle, animée par le non moins percutant Antoine Smith et diffusée sur le web, y a consacré un épisode au mois de février.
Le principe de Piège de freestyle : faire intervenir différents MC's pour aborder des questions d'actualités. Si les avis divergent sur l'intérêt de la France à intervenir au Mali, le constat est unanime : pour faire court, la guerre c'est moche.
Côté malien, les rappeurs se sont emparés très tôt de la situation politique du pays. Quoi de plus normal pour une musique qui s'illustre encore aujourd'hui, dans tous les pays où elle résonne massivement, comme un espace d'expression hautement politique.
Amkoullel, jeune chanteur qui associe volontiers des instruments dits «traditionnels» à des punchlines plus urbaines, avait ainsi fait un tabac à Bamako et dans la diaspora malienne avec son titre SOS dès le début de la crise.
Le rappeur Master Soumy, qui a rencontré un énorme succès au Mali en 2011 avec son excellent titre Mademoiselle 40 ans, a sorti fin 2012 son Anw De Nodo, que l'on peut traduire par « tous fautifs », ou «nous sommes tous responsables».
Dans ce morceau, il tacle les préjugés qui veulent faire des Maliens de simples victimes de la crise, dans laquelle ces derniers n'auraient aucune responsabilité. Une première dans le rap malien, pour un titre qui prend des airs de psychanalyse collective. «Qui était à bord, qui accuse à tort, qui vota d'abord ?» interroge le rappeur, pointant du doigt la responsabilité collective de la crise au Mali.
Mais rassurons-nous, le rap malien ne se cantonne pas à aborder seulement des questions graves et à céder à la déprime ambiante. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, le portail Bamada City permettra de découvrir d’autres titres, souvent plus festifs.
Ambroise Védrines