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Mali - Haro sur l’exploitation de l’uranium

Les habitants de la commune de Faléa au Mali sont déterminés à se battre jusqu'à obtenir gain de cause contre l’exploitation de l’uranium sur leurs terres agricoles —qui les menace directement ainsi que leur environnement.

Quelques 5.000 tonnes de minerai se trouveraient à Faléa, une commune de 21 villages et 17.000 habitants située dans une région isolée à 350 kilomètres de Bamako, la capitale malienne. L'exploitation n'a pas encore commencé (le groupe canadien Rockgate poursuit la phase d'exploration pour déterminer les meilleurs gisements et leur profondeur) mais en quatre ans, des dizaines de puits de carottage (prélèvement d'échantillons) sont déjà apparus sur ces terres de cultures vivrières.

De l'avis de la Direction Nationale de la Géologie et des Mines, les activités de prospection de l’uranium ne présentent pas de risque pour l’environnement, ni pour la santé des populations. Les inquiétudes des habitants de Faléa ont pourtant été confirmées par une étude de Greenpeace et la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) sur l’impact environnemental de l’extraction d’uranium par Areva dans une mine du Niger voisin. Selon les conclusions de cette étude, les matières radioactives qui résultent de l'exploitation contaminent les sols, l'eau et l'air.

Afin de défendre au mieux leur cause, les habitants se sont regroupés au sein de l’Association des Ressortissants et Amis de la Commune de Falea (ARACF). Leur combat a ému l'eurodéputée d'Europe Ecologie (EELV) Eva Joly, qui s'était également penchée en 2010 sur les activités minières d'Areva en Afrique. Elle s'est rendue au Mali à la fin du mois de mars 2011, accompagnée de Michèle Rivasi, une autre eurodéputée EELV spécialiste du nucléaire, ainsi que de membres de la Criirad pour y rencontrer les ministres concernés et le président Amadou Toumani Touré. Elle mène depuis une campagne médiatique pour dénoncer les zones d'ombre et l'opacité de l‘exploitation de l‘uranium à Faléa. Pour Eva Joly, l’exploitation de l’uranium ne profite pas aux autorités maliennes et c’est le Fonds monétaire international (FMI) qui maintient sous pression le pays «pour développer l'activité minière afin d'avoir des revenus à l'export».

De son côté, Rockgate n'enfreint pour l'instant pas la loi. En effet, le Code minier malien (PDF) n’oblige pas l‘étude de l'impact environnemental avant le début de l'exploitation. Mais pour Eva Joly «ce code n’est pas adapté à l’uranium» ni aux risques que son exploitation comporte. Ce n’est qu’au début de l'usage effectif de la mine que le groupe canadien devra remettre cette étude au gouvernement malien, qui décidera alors de lui octroyer définitivement ou non l'exploitation. «Bien conduite, elle va démontrer que l'impact sera terrible», estime Eva Joly, avant d'en appeler à la communauté internationale: 

«Rockgate va détruire le cadre de vie de 20.000 personnes, polluer la nappe phréatique, rendre la terre inexploitable. Tout ça pour que le Mali puisse rembourser les dettes pourries sous pression du FMI.»

Lu sur Les Nouvelles News