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Ouganda - Deux millions de signatures pour une loi homophobe
Retoqué par le président Yoweri Museweni à la fin mars 2011, un projet de loi homophobe revient à la charge pour être débattu au Parlement ougandais. Intitulé «loi anti-homosexualité» ou AHB, le texte prévoit entre autres la prison à vie pour «outrage d’homosexualité» et la peine de mort pour les séropositifs qui ont des rapports homosexuels. Il avait été introduit par le député David Bahati dès 2009. Ce parlementaire ougandais est connu pour avoir des connections à l’étranger avec des mouvements chrétiens américains, souligne Voice of America.
Pour relancer le projet de loi, des activistes religieux ougandais menés par les pasteurs Martin Ssempa et Julius Oyet, réunis au sein d’une «taskforce inter-religieuse contre l’homosexualité», s'affichent en première ligne. Le 5 avril, ils ont présenté une pétition signée par deux millions de personnes au président du Parlement ougandais Edward Ssekandi.
«Nous, leaders religieux et société civile, sommes préoccupés du fait que la loi anti-homosexualité soit volontairement refusée en raison des menaces antidémocratiques des nations occidentales. Ces mêmes nations qui font la promotion de la démocratie ne veulent pas que nos représentants débattent de lois protégeant nos enfants contre le trafic humain visant à les recruter vers l’homosexualité.»
Par ailleurs, dix-neuf organisations considérées comme favorables à l’homosexualité en Ouganda ont été listées. En réponse à la démarche des antigays, Edward Ssekandi a promis que le projet serait débattu au Parlement. Néanmoins, il devra être préalablement examiné par la Commission des affaires légales et parlementaires.
Alimentant le climat d'homophobie dans un pays où l'homosexulaité est interdite, des étudiants de l’université Makerere affirment pour leur part que des tentatives de corruption visent à recruter des jeunes vers l’homosexualité. Ils recevraient en échange un salaire mensuel de 236 euros, rapporte le Daily Monitor de Kampala, la capitale ougandaise. De telles allégations n’ont jamais été corroborées par la moindre preuve de la part du député David Bahati, qui a souvent été interrogé sur ce point.
En revanche, David Kato, défenseur des minorités sexuelles dans son pays et cible régulière d’attaques, a lui été assassiné en janvier 2011 alors qu’il avait été accusé par le témoignage d’un étudiant, et après que sa photo et son adresse, ainsi que celles de nombreux «homosexuels présumés» a été publiée dans un journal ougandais sous le titre «Pendez-les». Personne n’a été inculpé pour ce meurtre.
Lu sur The New Civil Rights Movement, Voice of America, Daily Monitor