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Cameroun - L'eau de Javel en rupture de stock à Yaoundé
Si vous cherchez de l'eau de Javel en ce moment à Yaoundé, il est fort possible que vous ayez à faire le tour de tous magasins de la ville. La capitale camerounaise connaît une forte pénurie du désinfectant, dûe à un ravitaillement massif des populations ces dernières semaines, pour combattre l'épidémie de choléra.
Conséquence, les prix grimpent dans les endroits où l’on peut encore en trouver. Selon la contenance et le lieu de fabrication, le prix de l’eau de Javel peut être multiplié par sept. Ainsi, la bouteille d’un litre, produite localement, peut coûter jusqu’à 500 francs CFA (0,76 euro) et le bidon de 5 litres, importé de France, monte jusqu’à 3.500 francs CFA (5,33 euros). Des sommes considérables pour les populations locales qui ne peuvent cependant trouver que des marques étrangères d’eau de Javel dans les rayons —les plus chères. Les marques les moins chères ont été prises d’assaut par les clients. Le responsable d’un magasin du centre-ville ne cache pas sa satisfaction:
«Nous avons écoulé plus de trois cartons d’eau de javel de un litre, en moins d’une semaine.»
Face à cette pénurie, les Yaoundéens se rabattent sur les marchés, où certains commerçants proposent de la Javel en granulés à 100 francs CFA (0,15 euro) les 100 grammes. Mais certains vendeurs véreux n’hésitent pas à vendre de la Javel de contrefaçon, en mélangeant les granulés avec d'autres produits en poudre. Un vrai casse-tête pour les habitants qui ont besoin de l’eau de Javel pour désinfecter les habitations, les puits, l’eau à boire et certains aliments comme les fruits et les légumes.
Ces mesures d’hygiène visent à prévenir les risques de choléra, une maladie qui fait rage dans le pays depuis plusieurs mois. L’épidémie de choléra au Cameroun continue de faire des victimes. Selon des chiffres du ministère de la Santé publique, huit régions sont maintenant touchées sur les dix que compte le Cameroun, et plus de 2.000 cas et 85 décès ont été enregistrés depuis le début de l’année. Ce qui porte le bilan à plus de 12.000 cas et 742 morts depuis le début de l’épidémie en 2010.
Pour aider à lutter contre cette maladie, Médecins sans frontières vient d’ouvrir un centre de traitement gratuit au Centre hospitalier universitaire de Yaoundé. Ce centre de prise en charge des personnes atteintes du choléra prévoit d’accueillir jusqu’à 300 patients. L’équipe de MSF, actuellement à pied d’œuvre à Yaoundé, comprend 160 personnes.
Le choléra est une maladie hydrique qui fait souvent son apparition dans les zones tropicales pendant la saison des pluies. Ainsi, une épidémie s’est également déclenchée dans la région de Kisangani, dans le nord-est de la République démocratique du Congo. Elle aurait déjà fait une vingtaine de morts.
Lu sur Le Jour, Cameroon Tribune, Afrique Avenir