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Des révélations de Wikileaks pourraient empêcher l'instauration de réformes démocratiques au Zimbabwe

Un câble de WikiLeaks a fourni au dictateur zimbabwéen Robert Mugabe des raisons de discréditer son premier ministre Morgan Tsvangirai, rapporte le magazine américain The Altantic. Ce dernier, issu de l'opposition, était présenté comme un espoir pouvant adoucir le régime autoritaire de Mugabe. Depuis la mise en place d'un gouvernement de coalition en février 2009, son parti, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), bénéficiait d'une marge pour la mise en place de réformes démocratiques.

Mais les révélations de WikiLeaks pourraient couper court à ce processus. Elles dévoilent en effet le contenu d'une réunion de décembre 2009 entre le premier ministre zimbabwéen et des représentants des Etats-Unis, de l'Union Européenne, du Royaume-Uni et des Pays-Bas, à laquelle Morgan Tsvangirai a déclaré être favorable au maintien des sanctions (interdiction d’entrer sur les territoires européens et américains pour Mugabe et de nombreuses personnes de son entourage, avoirs gelés, embargo sur les armes) prises par l’Union européenne à l’encontre du président du Zimbabwe, accusé de violation répétée des droits de l’homme 

Tsvangirai considère que ces sanctions pourraient forcer Robert Mugabe à changer de politique. Mais il se gardait bien de révéler publiquement cette position, pour ne pas donner à Mugabe un prétexte pour le limoger.

C'est maintenant chose faite à cause de WikiLeaks. Robert Mugabe a accusé Morgan Tsvangirai d'être à la solde des étrangers et de travailler contre le peuple zimbabwéen. Il a demandé l'ouverture d'une enquête. Devant cette campagne de dénigrement, le premier ministre «devrait être obligé de prouver sa bonne foi en s'opposant à la communauté internationale». Et les réformes démocratiques semblent n'avoir plus beaucoup de chance de passer, tout comme la démocratie multipartite d'être reconduite. The Altantic fait également remarquer que cette situation met en doute l'idée selon laquelle les câbles WikiLeaks serviraient la démocratie. Julian Assange ne semble pas avoir mesuré toutes les conséquences de ses révélations.