mis à jour le
Le prédicateur qui veut «sauver» les prostituées tunisiennes
Un religieux bahreïni débloque des fonds pour aider les femmes des maisons closes à trouver une autre activité.
Prédicateur religieux bahreïni, Hassan al-Husseini s’est mis en tête de sauver les prostituées tunisiennes. Il a même créé un fonds pour leur venir en aide.
Dans une vidéo intitulée «Une pècheresse m’a fait pleurer», mise en ligne sur You Tube, il s’adresse à des filles d’une maison close de Sousse. Selon France 24, l’enregistrement a déjà été visionné par plus de 3 millions d’internautes. Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage.
France 24 est allé prendre la température dans une maison close de Tunis et recueillir les impressions des prostituées. Ici, le prédicateur sauveur de ces dames «suscite les moqueries des prostituées».
Pour Dalinda par exemple, la maison close où elle travaille lui permet d'être indépendante financièrement. C'est un lieu qui «depuis dix ans, (lui) assure un revenu stable, ce qu’aucun fonds ne peut garantir».
«Nous refusons totalement l’appel du prédicateur de laisser tomber notre métier. Toute tentative de dédommagement ne serait de toutes façons que temporaire et ne nous garantira pas de trouver un emploi stable. Nous demandons à ces gens de nous laisser tranquilles», lancent d'autres femmes de la maison close.
On ne peut pas faire confiance aux prédicateurs et aux salafistes, disent la plupart des prostituées, rappelant que beaucoup d'entre eux sont aussi leurs clients.
Quoi qu'il en soit, les maisons closes connaissent une vraie crises ces derniers mois. Les revenus ont beaucoup baissé depuis la chute de Ben Ali. Certaines prostituées constatent un lien entre la baisse des fréquentations et la montée au pouvoir des islamistes, et pointent du doigt le parti Ennahda.
«Nous n’avons pas de diplômes qui nous permettraient de prendre un nouveau départ. Nous vivons notre religion en accord avec notre société. Nous n’avons pas besoin de quelqu’un pour nous sermonner ou nous faire la leçon», explique l’une d’entre elles.
Lu sur France 24