mis à jour le
Kadhafi ou l'échec de l'école militaire soviétique
Face aux interventions de la coalition internationale en Libye, les forces du colonel Kadhafi accusent sévèrement le coup. Le quotidien en ligne moscovite libéral Gazeta.ru s’est penché sur l’état de l’armée du Guide libyen à laquelle l’Union soviétique puis la Russie ont apporté une contribution matérielle et technique pendant de longues années. Le journal constate que les enseignements distillés aux forces libyennes n'ont guère été fructueux.
Pourtant, de 1973 à 1991 (année de la chute de l'URSS) 11.000 spécialistes militaires soviétiques se sont rendus en Libye. Presque toute la chaîne de commandement libyenne a été formée dans des académies militaires soviétiques puis russes (2004-2011).
Leur fonction ne se limitait pas à la formation, mais aussi au pilotage d’appareils comme des hélicoptères de combat, des avions de transport et des avions de chasse, y compris durant des conflits armés. Plusieurs anciens militaires soviétiques, russes, ukrainiens, biélorusses, ont été recrutés comme mercenaires.
La coopération militaire russo-libyenne fut interrompue brusquement avec l'embargo sur les armes lié à la résolution 1970 du Conseil de sécurité des Nations unies du 26 février 2011. Ainsi, début mars, un groupe de pilotes libyens avait dû quitter la formation militaire qu’ils suivaient à Moscou.
Aujourd'hui, l'armée des troupes loyales libyennes est dépassée sur tous les plans face à la coalition internationale, quantitativement mais aussi qualitativement, à cause de l’obsolescence des armements.
Selon le chef de la direction de la coopération internationale à l’état-major de Russie, le général Léonid Ivachov, l’armée de Kadhafi est dans le peloton de tête de celles des pays d’Afrique du nord et du Proche-Orient. Mais Gazeta.ru souligne que «la richesse en armement de Kadhafi est un mirage. Une grande partie des armes ne fonctionnent pas ou ne volent pas depuis des années et prennent la poussière dans les sables libyens».
Mais la principale faiblesse de l’armée de Kadhafi relève de l’inadéquation des personnels face aux matériels utilisés. Le fait est que Kadhafi a amassé des armes de provenance diverses, du camp socialiste comme de pays de l’Otan. Il a multiplié les sources d’approvisionnement en armement afin de ne pas être dépendant d’un fournisseur quelconque. Cela explique pourquoi l’armée libyenne possède un véritable patchwork de matériel.
Le colonel Kadhafi a surtout appliqué avec soin la règle du «diviser pour mieux régner».
«Kadhafi a parié sur une série de systèmes militaires parallèles, distincts les uns des autres, que lui seul pouvait contrôler.»
Il a construit ses structures militaires sur une base tribale et a choisi ses cadres parmi les tribus les plus loyales, formant l'ossature des principales troupes.
Dans le même souci de contrôle, Kadhafi a dédoublé certaines forces, comme les systèmes de défense anti-aérienne. Un choix qui lui garantissait qu’aucun général ne possède entre les mains un pouvoir qui lui permette de le renverser militairement. Ce fractionnement des forces et des capacités de commandement a des effets pervers et explique en partie l'inefficacité des troupes loyalistes face aux frappes de la coalition.
Reste que, selon Gazeta.ru, à partir des années 1980 la Libye a fabriqué des armes chimiques, probablement des gaz neurotoxiques comme le sarin, le soman et le tabun. Des armes qui auraient été utilisées en 1987 au Tchad. «La Libye a produit des dizaines voire des centaines de tonnes de gaz moutarde. Mais elle l’a fait sans l’aide de l’Union soviétique: Moscou a refusé catégoriquement à Kadhafi toute aide en la matière.»
Lu sur Gazeta.ru