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Les nouveaux riches-pauvres de l'Afrique

La Zambie et le Ghana viennent de passer de la catégorie des «pays à faibles revenus» à celle des «pays à revenus moyens inférieurs» dans le classement annuel de la Banque mondiale, publié le 1er juillet 2011.

Ce reclassement a toutes les apparences d’une bonne nouvelle, mais que signifie-t-il concrètement? C’est la question à laquelle tente de répondre Charles Kenny, économiste du développement, dans un article paru dans le Guardian le 12 juillet.

Déjà, cela indique que le revenu annuel moyen d’un Ghanéen ou d’un Zambien est passé de moins de 1.005 dollars (719 euros) à entre 1.006 et 3.975 dollars (entre 723 et 2.858 euros).

Ces deux pays rejoignent donc la deuxième tranche du tableau de la Banque mondiale, qui comprend 16 pays africains dont l’Angola, le Cameroun ou encore la Côte d’Ivoire.

La catégorie au-dessus est celle des «revenus moyens supérieurs», et au-dessus encore il y a les «revenus élevés». En Afrique, seul le revenu national brut (RNB) par habitant de la Guinée équatoriale est «élevé».

Cette augmentation du RNB est due à l’exportation de matières premières et aux investissements étrangers directs sur leurs territoires: le cuivre pour la Zambie, qui profite de l’expansion des marchés chinois et indiens; le pétrole, l’or pour le Ghana —mais aussi les télécommunications.

Seulement, si le chiffre augmente sur le papier, croissance économique ne rime pas forcément avec développement.

D’une part,  la Zambie et le Ghana se trouvent en réalité dans la fourchette basse des «revenus moyens inférieurs»: en 2009, ils ont respectivement un RNB par habitant de 1.280  et 1.530 dollars (920 et 1.100 euros).

D’autre part, leur indice de développement humain (IDH) est faible (PDF). Cet indicateur, développé par les Nations unies, comprend l’espérance de vie, le niveau d’éducation et le niveau de revenu.

«22 ans de croissance au Ghana n’ont permis que de faire passer le nombre de personnes vivant avec 1,25 dollars/jour [le seuil d’extrême pauvreté, ndlr] d'un peu plus de 7 millions à un peu moins de 7 millions», sur plus de 23 millions d’habitants. «La lutte contre la pauvreté est affaire de politique intérieure», conclut Charles Kenny, au vu de la mauvaise répartition des richesses.

La Zambie et le Ghana sont en bonne voie. C’est ce qui semble être la réelle teneur du reclassement de la Banque Mondiale, fondé sur «un calcul périmé depuis des décennies», juge l'économiste.

Lu sur le Guardian