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Pourquoi la Côte d'Ivoire n'est pas le Rwanda

L'enlisement de la crise ivoirienne ne laisse rien présager de bon, à tel point que certains craignent un scénario comparable à celui du Rwanda en 1994. Beaucoup se demandent, si le conflit ivoirien perdure, s'il ne conduira pas à une extermination interethnique?

Laura Seay, professeur de sciences politiques à l’université de Morehouse (Etats-Unis) et bloggeuse sur Texas in Africa, doute fort que le scénario du génocide rwandais puisse se reproduire en Côte d'Ivoire.

Le 29 mars 2011, elle développait sur The Christian Science Monitor les divers points qui lui permettent d’avancer cette théorie:

«La Côte d’Ivoire n’est pas envahie par des expatriés et les gens du Nord contrôlent le territoire. […] En outre, les deux camps qui s’affrontent sont davantage séparés par leur localisation géographique que ne l’étaient les Tutsis et les Hutus au Rwanda.»

Au Rwanda, la répartition homogène des deux ethnies sur le territoire avait facilité les massacres, alors qu’en Côte d’Ivoire la séparation géographique entre les camps Gbagbo et Ouattara est bien plus marquée.

«La Côte d’Ivoire est plus riche que le Rwanda. Grâce à l’industrie du cacao et à l’importance du pouvoir économique régional de la Côte d’Ivoire, beaucoup de gens ont intérêt à avoir une situation stable et une résolution politique des problèmes.»

«L’ivoirité n’est pas comparable au pouvoir Hutu. L’ivoirité est une idéologie répugnante développée en Côte d’Ivoire dans les années 90 comme un moyen d’exclure les musulmans du nord de l’espace politique national en les taxant d'"étrangers".»

La différence fondamentale est que l’ivoirité se présente davantage comme un moyen d’exclusion des «non-Ivoiriens». A contrario, l’idéologie Hutu elle, préconisait une extermination pure et simple des Tutsis.

Lu sur The Christian Science Monitor