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En Ouganda, la contraception est affaire de femmes

En Ouganda, le troisième pays d’Afrique en terme de croissance démographique (source CIA World Factbook), difficile de planifier et d’espacer les naissances.

IPS, le site d’information des Nations unies, rapporte qu’une fois décidés à prendre un moyen de contraception, les couples doivent encore réussir à se le procurer. Les couples, ou plutôt la femme, car la contraception dans le sud-ouest de l'Ouganda est encore essentiellement l’affaire du «deuxième sexe».

Si certaines femmes préfèrent ne pas en parler à leur partenaire et prennent leur contraception en catimini, ce n’est néanmoins pas le cas de toutes. Mais la première difficulté est d’obtenir leur contraception quand elles se rendent dans les dispensaires du pays. Il arrive régulièrement qu’ils ne soient pas approvisionnés pendant plusieurs semaines, voire même «deux mois», avoue un agent de santé du centre de Kabooka.

«Des mères viennent ici tard lorsqu'elles n'ont pas pu trouver leurs injections [mensuelles contraceptives] dans les hôpitaux publics. Quand nous leur faisons le test, nous constatons qu'elles sont enceintes. Nous ne pouvons pas les mettre sous contraception. Alors nous leur donnons des conseils et les laissons rentrer à la maison», explique à IPS Donata Muhereza, une conseillère de Reproductive Health Uganda, une association de planning familial à Mbarara.

Certains maris, qui pensaient que leur épouse prenait une contraception, peuvent mal prendre ce genre de grossesse «accidentelle». Il arrive qu'ils «maltraitent leurs femmes». Elles n’ont alors d’autres solution que d’avoir recours à un avortement clandestin. Leur nombre s’élevait à 297.000 dans le pays entre 2003 et 2005, selon une étude de l’institut Guttmaacher citée par IPS.

Pourtant, tous les moyens de contraception ne sont pas en rupture de stock, assure Amoti Kaguna, directeur provincial de la santé à l’administration du district de Mbarara. Mais les Ougandaises, particulièrement dans les zones rurales du pays, privilégient les injections contraceptives mensuelles à la pilule, qui doit être prise tous les jours.

Le docteur Muwonge, expert en santé de la reproduction, déplore que le gouvernement ougandais n'alloue pas davantage de fonds à l'achats de contraceptifs. Son budget 2010/2011 s'élevait à 425.000 euros, indique-t-il. A titre de comparaison, en 2005, un pays comme le Kenya disposait d'un budget de plus d'1,5 millions d'euros.

Le plus simple serait sans doute l’usage du préservatif. Mais cela déplacerait la responsabilité de la contraception sur leur partenaire. Les dispensaires conseillent effectivement aux femmes de convaincre leurs partenaires de mettre des préservatifs, le temps pour les services de santé de reconstituer les stocks de contraceptifs. Mais nombreux sont les hommes qui s'y refusent. Preuve que la contraception masculine n’est pas encore entrée dans les mœurs…

Lu sur IPS