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Karim Wade, Dakar, le 15 mars 2013. © SEYLLOU / AFP
Karim Wade, Dakar, le 15 mars 2013. © SEYLLOU / AFP

Karim Wade est-il un homme «persécuté»?

Pour la sixième fois en quelques mois, Karim Wade s’est expliqué sur la provenance de sa fortune. L'intéressé semble vouloir capitaliser la situation.

Karim par-çi, Karim par-là! S’il ne fait pas la une des manchettes pour ses dépenses somptuaires du temps où il était «super-ministre», aujourd’hui, on évoque ses déboires judiciaires dans l’épisode politico-judiciaire de la traque des biens mal-acquis. 

Depuis l’accession à la magistrature suprême en 2000 de son père Abdoulaye Wade, et pendant toute la présidence de ce dernier, on n'a cessé de parler de lui. Entre l’achat d’un sac croco à plus de 40.000 euros dans une boutique de luxe à Paris, la location d’un yacht privé à près de 8 milliards de francs CFA pour trois nuitées (sans que personne n’y passe la nuit!), sa gestion jugée calamiteuse de l’Agence nationale de la conférence islamique (Anoci), une facture téléphonique estimée à 15 millions de francs CFA, son palace au 124 rue Victor Hugo, à Paris et les quelque 15 millions de dollars qui auraient été dépensés pour la location d'un jet privé... Autant de soupçons et d'accusations relayés par la presse sénégalaise.

Mais qui est vraiment Karim Wade? Cet homme à la silhouette longiligne qui, encore en 2000, passait inconnu dans les rues de la capitale? Selon les dires de son ex-président de père, Karim est un «génie financier hors-pair», tout droit sorti de la prestigieuse Warburgh de Londres. Et le Sénégal ne pouvait rêver d’un meilleur expert.

«Il est intelligent. Il a de grandes compétences et personne dans l’opposition n’a la compétence économique et financière de Karim», déclarait l’ancien président Wade dans une interview accordée au journal La Croix. Au point de le féliciter publiquement et «dire à sa mère qu’il a bien travaillé».

Personnage secret et mutique

Karim, à qui on a découvert en 2000 un prénom de Meïssa (nom sénégalais) est certainement la personnalité politique la moins bavarde de la planète-média mais dont on parle le plus. Hormis un lamento publié dans plusieurs quotidiens dakarois, en 2011, où il se défendait des «coups, des propos diffamatoires et outrageants» à son égard, le fils d'Abdoulaye Wade ne s’est plus jamais adressé à l’opinion publique. Que dire aujourd’hui, de plus sur ce personnage si mystérieux, qui est à nouveau sous les feux de la rampe.

Dans cet énième épisode de sa convocation (la sixième en 9 mois) pour les besoins de l’enquête sur l’enrichissement illicite, il ya comme un parfum de déjà-vu. Depuis près d’un an, on a l’impression de vivre le même scénario. Karim Wade à la gendarmerie pendant dix tours d’horloge et qui en ressort les bras levés en signe de victoire. Soit improvisant une marche nocturne jusqu’à son domicile du Point E soit s’engouffrant dans son rutilant 4X4 à toute vitesse.

Quelle suite donner à ce feuilleton politico-juridique qui tient en haleine les sénégalais? Combien de gorgorlous (débrouillards et nom d’une célèbre BD qui reprend le quotidien du sénégalais lambda) attendent avec impatience de voir Karim Wade sous les verrous, ce fils honni qui, pour eux, n’aura contribué qu’à plomber les finances publiques.

Depuis que le président Macky Sall a fait de la traque des biens mal acquis une priorité, on n’a pas vraiment l’impression que les choses bougent. Mais, cette fois-ci semble la bonne pour beaucoup. L’heure de vérité aurait donc sonné pour Karim Wade. Et ses partisans du Parti démocratique sénégalais (PDS) promettent de mettre le feu à Dakar.

C’est donc le 15 mars  qu’il devait recevoir sa mise en demeure. Le «fiston à piston», comme le caricaturait la presse sénégalaise, dispose de 30 jours pour justifier l’origine licite de ses avoirs. Ce délai passé, à la charge du procureur de l’inculper ou non s’il juge ses justifications satisfaisantes ou pas.

Néanmoins, Karim Wade n’aurait pas dit son dernier mot. Et l’idée de passer quelques mois dans une cage dorée de la prison centrale de Rebeuss, pourrait ne pas lui déplaire. Surtout si cela lui permet de briguer la présidence en 2017... Histoire, peut-être aussi, d'oublier les jets de strings qu'il avait reçus dans le plus grand marché de Dakar, en 2007, lors d'élections locales. 

Lala Ndiaye

 

Lala Ndiaye

Lala Ndiaye. Journaliste à Slate Afrique

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