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Sur la route de la faim
Face à l'enlisement des conflits et une sécheresse qui dure depuis 60 ans, nombreux sont les Somaliens qui fuient leur pays dans l’espoir d’améliorer leur quotidien, au Kenya principalement. Un voyage semé d’embûches, dont beaucoup ne reviennent pas.
BBC News Africa a publié le 9 juillet 2011 un reportage sur ceux qui par centaines, en désespoir de cause, tentent de rallier l’eldorado kényan au péril de leur vie.
Nombre de ces réfugiés de la sécheresse ne se rendent pas compte de la longue distance à parcourir avant d’atteindre les camps de réfugiés, qui se trouvent parfois à plusieurs centaines de kilomètres. Weheleey Osman Haji, mère de 5 enfants, a tenté la traversée alors qu’elle était enceinte. Elle a d’ailleurs accouché sur la route, après avoir franchi la frontière.
«C’est une question de vie ou de mort […] Il y avait la sécheresse; nous avons dû marcher pendant 22 jours et nous avions seulement de l’eau […] Je n’ai rien mangé depuis l’accouchement.»
La frontière entre le Kenya et la Somalie a été officiellement fermée depuis 2008, principalement à cause des islamistes radicaux qui ont pris le contrôle des régions centrales et méridionales.
Les shebab ont leur part de responsabilité dans la fuite des Somaliens, étant donné qu’ils ont interdit la présence d’organisations humanitaires sur leur territoire. Décision sur laquelle ils sont revenus récemment, à cause de la famine due à la sécheresse meurtrière qui frappe la corne de l’Afrique. Il n’empêche qu’ils voient d’un très mauvais œil l’exode de la population somalienne:
«(les militaires shebab) nous ont stoppés sur la route et nous ont demandé de faire demi-tour […] Ils ont dit qu’il valait mieux mourir dans notre terre natale. Ils nous ont demandé de prier pour l’arrivée de la pluie.»
De nombreux réfugiés passent par la ville de Liboi, à 70 kilomètres de distance du camp de réfugiés de Daadab. Il s'agit du plus grand camp de réfugiés au monde. Initialement conçu pour accueillir 90.000 personnes, il en compte aujourd’hui 370.000.
Selon le site américain CNN, environ 55.000 Somaliens ont rejoint l’Ethiopie et le Kenya pour le seul mois de juin. Et à l'heure actuelle, la famine frapperait, dans ces trois pays, 10 millions de personnes.
Antonio Guterres, président du Haut-commissariat aux réfugiés pour les Nations unies (UNHCR), a déclaré «avoir eu le cœur brisé» par sa récente visite en Afrique de l’Est:
«Les enfants meurent et leurs mères, véritables squelettes ambulants, se retrouvent à choisir quel enfant sauver en premier […] 2011 a été l’année de toutes les crises, mais je crois que c’est en Somalie qu’on trouve le pire désastre humanitaire».
Lu sur BBC News Africa, CNN