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Seif al-Islam Kadhafi: peinture et dictature
Seif al-Islam Kadhafi a beau être le successeur potentiel du Guide libyen, sa condition de «fils de» ne l'a pas empêché d'être peintre à ses heures perdues, et d'exposer ses œuvres surréalistes à travers le monde.
Alors que les combats font rage en Libye depuis plusieurs semaines, le site Foreign Policy s'est intéressé aux aspirations artistiques du fils Kadhafi, lesquelles «confirment les vieux stéréotypes sur les dictateurs et les fils de dictateurs».
«Toujours, depuis Néron, il y a eu une relation sinistre entre l’art douteux et les régimes mégalomanes: Hitler, l'amoureux d'opéra, architecte et peintre; Staline le poète; Tony Blair, le guitariste de rock.»
A Londres, la galerie de l’Albert Memorial Gardens a accueilli l’exposition de Seif al-Islam, intitulée The desert is not silent (Le désert n’est pas silencieux) du 24 juillet au 10 août 2002, qui n'était qu’une partie de l’exposition globale financée par la Fondation internationale Kadhafi pour le développement, laquelle rassemblait en outre des pièces de collection datant des époques préhistorique, phénicienne et gréco-romaine provenant du Musée national de Tripoli.
Cette cinquantaine d’œuvres signées par le fils Kadhafi, entre thèmes politiques forts et illustrations romantiques à l’eau de rose, ont fait le tour du monde en passant par Paris, Berlin, Tokyo, Madrid, São Paulo et Moscou.
Kadhafi père n’échappe pas au pinceau surréaliste de son fils: The Challenge (2000) représente le Guide libyen avec un corps d’aigle, ses célèbres lunettes de soleil sur le nez, devant une foule de chrétiens vêtus de robes de pénitent. Inspiré par l’embargo international sur la Libye, Seif al-Islam dit avoir voulu représenter «la défaite des "pouvoirs de la nouvelle croisade" (par le colonel Kadhafi). La Libye était solide comme un roc "contre lequel s'est est venue se briser l’arrogance des néo-croisés" […] Dans le nouvel ordre mondial, Kadhafi est devenu "l’aigle unique"», rapporte le site du Guardian.
Le site culturel Art Newspaper se réfère à d’autres œuvres porteuses d’un message politique, telles qu'Intifada (2001), sur la guerre intestine israélo-palestinienne, ou encore War (2001), rappelant les conflits balkaniques des années 90.
Dans un tout autre registre, Seif al-Islam peut également se montrer étonnamment romantique. Le tableau Bella Rosa est le parfait exemple de ce côté légèrement fleur bleue: une rose rouge, un cheval blanc galopant sur un tapis d'herbe verdoyante le tout sur fond de ciel brun.
Une performance qui ne semble pas avoir fait forte impression parmi les critiques artistiques, dont Jonathan Jones, du Guardian:
«Le fils du colonel Kadhafi est sans doute un ambassadeur culturel compétent, mais comme peintre, il n’est même pas un amateur doué: son sentimentalisme n’a d'égal que son incompétence technique.»
Lu sur Foreign Policy, Guardian, Art Newspaper