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Centrafrique: Touadéra en passe d'être réélu président, selon son parti
Le président centrafricain sortant Faustin Archange Touadéra est en passe d'être réélu, selon son parti, alors que les premiers résultats des élections de dimanche commencent à peine à être connus et que l'opposition crie à la fraude et demande l'annulation du scrutin.
Sur un territoire occupé aux deux tiers par des groupes armés, les votes des Centrafricains mettent du temps à être compilés. D'autant que le pays, ravagé par la guerre civile, fait face à une offensive rebelle visant à perturber le scrutin.
L'Autorité nationale des élections (ANE) commence tout juste à égrener les premiers résultats de la capitale Bangui à la radio et les premiers résultats partiels ne sont pas attendus avant le 4 janvier.
"Les tendances (...) font état d'une victoire du professeur Touadéra dès le premier tour, signe de reconduction de la légitimité qui est conférée à notre candidat par le peuple", a déclaré Simplice Mathieu Sarandji, directeur national de campagne de M. Touadéra lors d'une conférence de presse au siège du parti présidentiel Mouvement Coeurs Unis (MCU).
L'ancien Premier ministre a néanmoins réaffirmé sa "confiance" dans les organes compétents que sont l'ANE et la Cour constitutionnelle pour "proclamer les résultats définitifs du scrutin présidentiel et législatif" de dimanche.
De son côté, la Coalition de l'opposition démocratique (COD-2020) a demandé mercredi "l'annulation pure et simple" des élections du 27 décembre "pas justes et inclusives", selon elle.
Des milliers de personnes ont été empêchées de voter ou privées de leur carte d'électeur, jamais arrivée en raison de l'insécurité.
Sur un total de 71 sous-préfectures, "29 n'ont pas voté", avait déclaré lundi le ministre de l'Administration du territoire. "Et dans six autres sous-préfectures, il n'y a eu qu'un vote partiel", avait ajouté Momokoama Théophile, rapporteur général de l'ANE.
La COD-2020, qui regroupe les plus importants partis et mouvements de l'opposition et avait déjà exigé le 19 décembre le report des élections, a dénoncé dans un communiqué une série de griefs, et notamment "des bourrages massifs des urnes" et "un nombre de votants qui dépasse celui des inscrits" dans certains bureaux de vote.
Elle pointe également "l'absence des observateurs nationaux et internationaux dans l'arrière-pays" et "des dépouillements des résultats qui n'ont pas été faits aussitôt à la fin des votes".
- Accusations "fallacieuses" -
Pour elle, cette élection est "une mascarade électorale" qu'elle attribue à "l'ANE, le régime de Touadéra, le G5+ (groupe de partenaires de la Centrafrique, ndlr), plus particulièrement le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Centrafrique".
Car le président sortant M. Touadéra a insisté pour maintenir les élections le 27 décembre, soutenu dans cette démarche par la communauté internationale et notamment la force de maintien de la paix de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca).
Vladimir Monteiro, porte-parole de la Minusca a d'ailleurs réagi jeudi dans un tweet disant que les accusations de la COD-2020 étaient "fallacieuses et sans fondement".
Depuis dimanche, l'ONU se félicite d'un scrutin "historique", appuyé par des observateurs d'organisations africaines, comme l'Union Africaine (UA) et le Communauté économique des États de l'Afrique centrale (Ceeac).
"Il n'est pas du ressort de tel ou tel candidat de demander par des canaux non conformes l'annulation et la reprise des élections", a pour sa part défendu M. Sarandji.
Dimanche, les habitants de la capitale ont voté dans le calme et en grand nombre grâce au renfort de centaines de paramilitaires russes, soldats rwandais et Casques bleus de la Minusca.
Mais la situation est beaucoup plus confuse en région et le taux de participation n'est toujours pas connu, bien que M. Sarandji évoque un chiffre de 51,86%, selon des "tendances émanant de nos représentants dans les bureaux de vote tant à l'intérieur qu'à l'étranger".